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Migrants : une enquête pointe l'inévitable reconstitution des campements de fortune

Le dernier campement démantelé en date, le long du canal Saint-Denis, à Aubervilliers (93). Le dernier campement démantelé en date, le long du canal Saint-Denis, à Aubervilliers (93).[© François GUILLOT / AFP]

Dans le nord de Paris, les campements de migrants se forment et se reforment au gré des mises à l'abri, appelées communément évacuations. Une réalité que connaissent bien les associations de terrain, qui ont mené une enquête à ce sujet.

Réalisée par le Secours Catholique Caritas France, Utopia 56 et Action contre la faim auprès d'une centaine de migrants installés dans des campements de fortune au nord de Paris, cette étude pointe du doigt l'inefficacité du système d'accueil des réfugiés et des demandeurs d'asile dans la région parisienne (et plus largement en France).

Rien que leur fréquence est intéressante et dit beaucoup : 65 % des migrants interrogés dans le cadre de cette enquête ont déjà connu au moins deux évacuations et 20 % d'entre eux en ont déjà vécu plus de six.

Des résultats qui suivent une certaine logique selon Alix Geoffroy, chargée de programme au Secours Catholique Caritas France. «Cela paraît cohérent, puisque le traitement d'une demande d'asile dure au moins un an, et qu'il y a environ trois évacuations par an», explique-t-elle, assurant qu'à chaque nouvelle évacuation, une grande majorité des exilés ne sont hébergés que pour quelques jours, voire pire, se retrouvent de nouveau à la rue, au lieu d'être hébergés.

DES MISES À L'ABRI PROVISOIRES

En effet, force est de constater que les mises à l'abri ne sont jamais que provisoires, puisque 45 % des personnes interrogées par l'association ont été hébergées seulement un mois à l'issue d'une évacuation, alors que 25 % ont carrément été remises à la rue le jour même.

En somme, les migrants sont au mieux hébergés quelques mois (65 % d'entre eux sont hébergées moins de trois mois) avant de chercher un nouveau campement, à défaut d'obtenir une solution de relogement.

Pourtant, tous dépendent du droit commun et devrait être pris en charge par l'Etat. Selon Alix Geoffroy, environ 70 % d'entre eux ont déjà déposé leur demande d'asile, en cours de traitement donc, et 20 % ont carrément obtenu leur statut de réfugié, et possèdent donc un titre de séjour en règle.

Un dispositif dysfonctionnel

Cette étude pointe de fait 5 dysfonctionnements majeurs : le manque d'informations «au sujet des évacuations», le manque de moyen avec des évacuations «souvent sous-dimensionnées», «les difficultés d'accès au travail» pour ces populations, un hébergement proposé qui n'est pas «inconditionnel» et malheureusement beaucoup trop court.

«Combien de fois ce dispositif dysfonctionnel sera-t-il répété avant qu’une vraie solution ne soit trouvée ?», peut-on lire sur le site du centre d'accueil parisien le Cèdre. «On ne parle que des évacuations, mais entre chacune d'elles, les personnes errent avant de trouver un nouvel emplacement où ils pourront s'installer.»

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