Quatre jours après l’assassinat du professeur Samuel Paty par un islamiste, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a affirmé que deux hommes avaient «manifestement lancé une fatwa contre (lui)». Mais que signifie ce terme ?
Définir la fatwa s’avère un exercice difficile, tant le terme a été détourné. En prenant son sens le plus globalement possible, comme le fait Larousse, il s'agit «dans la religion islamique, (d'une) consultation juridique donnée par une autorité religieuse à propos d’un cas douteux ou d’une question nouvelle», ainsi que la «décision ou (le) décret qui en résultent».
Initialement, l’émission d’une fatwa est donc réservée seulement à certaines personnes, spécialistes de la loi islamique (la charia). Il ne s’agit pas non plus de prononcer à chaque fois une condamnation, mais de donner un avis sur la pratique religieuse (un rite, un aliment...).
Devenu le symbole de l'extrémisme islamique
Cependant, le terme est devenu, notamment avec la fatwa contre Salman Rushdie (auteur des Versets sataniques) en 1988, le symbole de l’extrémisme islamique, appelant à la mort des personnes dont une action, selon certains musulmans, dénigre l’islam.
Cela avait était le cas en 2005 contre un journal danois qui avait publié des caricatures de Mahomet, ou en 2013 (à l’initiative d’Al-Qaïda) contre Charb dessinateur à Charlie Hebdo, assassiné en 2015. La fatwa peut aussi prendre des airs politiques. Ainsi, en 2019, en Iran, un mollah avait lancé une fatwa appelant au meurtre «de la manière la plus douloureuse possible» des manifestants contestant le régime.
Avec les réseaux sociaux, ces appels peuvent désormais se diffuser à une vitesse et une ampleur dramatique. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin estime ainsi qu’une fatwa a été lancée de cette façon par le père d’une collégienne et d’un militant islamiste contre le professeur Samuel Paty, ayant abouti à la décapitation de ce dernier.