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Nombre d'agents, équipements, missions... Tout savoir sur la future police municipale parisienne

[© Kenzo TRIBOUILLARD / AFP]

Promesse de campagne d'Anne Hidalgo, la création d'une police municipale à Paris devrait se concrétiser dans les mois à venir. Une proposition de loi en ce sens est en effet discutée au Parlement. Chargé du sujet, l'adjoint d'Anne Hidalgo à la sécurité, Nicolas Nordman, a présenté lundi 9 novembre 2020 cette future force de sécurité en détail.

Les effectifs

Dans un premier temps, les rangs de la police municipale parisienne seront garnis par les 3.200 agents actuels de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP). Mais des recrutements sont déjà lancés, à raison «de 120 dès cette fin d'année et autant l'an prochain», a indiqué Nicolas Nordman. A terme, l'objectif de la mairie est d'atteindre «5.000 agents d'ici à 2024».

Concernant sa composition, l'équipe d'Anne Hidalgo veut que cette nouvelle force «soit à l'image des parisiens». «Nous essayerons de diversifier les filières de recrutement, pour que les agents puissent venir de tous les horizons, de toute origine sociale, de tous les arrondissements, peut-être de province. Et les femmes seront aussi nombreuses que les hommes», a souligné l'adjoint à la sécurité.

Enfin, les brigades spécifiques existantes, comme les équipes cynophiles, seront maintenues.

Les missions

Le rôle de la police municipale parisienne sera surtout de faire de «la régulation de l'espace public» pour «agir contre ce qui est insupportable au quotidien pour les Parisiens», plutôt que de combattre l'insécurité, a résumé Nicolas Nordman. Concrètement, les agents interviendront contre les incivilités, dans la circulation routière et le stationnement, ou contre les tapages nocturnes et les attroupements à la fermetures des bars. Enfin, sur la propreté, ils cibleront durement les dépots sauvages.

Le pilotage de ces policiers municipaux sera effectué «en lien très étroit avec les maires d'arrondissements», pour adapter leur activité au mieux suivant les quartiers. D'autant que cette «police de proximité» aura également un rôle actif dans la prévention. Grâce à «ses connaissances des personnes et au dialogue des agents avec les associations, les commerçants ou les gardiens d'immeuble», elle aura pour rôle de faire «remonter des informations» pour éviter des «situations potentiellement dangeureuses», selon son responsable.

Enfin, sur le plan de la sécurité, l'équipe municipale semble surtout compter sur l'aspect dissuasif de la présence «de très nombreux agents qui patrouillent sur le terrain», d'après l'élu. S'ils pourront intervenir «lorsqu'une personne est en insécurité ou qu'un désordre est constaté», les attentats, la délinquance grave ou les braquages ne feront pas partie de leurs prérogatives. Ces opérations doivent rester du domaine de la police nationale «qui a des forces spécialisées et expérimentées», a argumenté Nicolas Nordman. «Notre police municipale viendra en complément, ce qui permettra à la police nationale de se recentrer sur ses fonctions "régaliennes"».

L'équipement

Pour «éviter la confusion des rôles avec la police nationale», la maire de Paris ne souhaite pas que sa police municipale soit dotée d'armes létales, comme des pistolets. Pour leur protection, les agents seront équipés de gilets tactiques et pare-balles. Offensivement, ils disposeront de batons tonfas et de bombes lacrymogènes. Mais pas de pistolet à impulsion éléctrique («Taser») «à ce stade», d'après l'adjoint à la sécurité, qui admet que «la position n'est pas figée».

Certains agents seront également dotés de caméra-piétons. En montrant ce qu'il s'est passé pendant une opération, ces équipements «seront protecteurs pour les agents comme pour le public», affirme Nicolas Nordman. Concernant l'uniforme, il sera comme celui de toutes les forces de ce type en France, à dominante bleu foncé et siglé «police municipale». 

Enfin, si la majorité des agents devraient se déplacer à pied, une part significative devrait aussi être à vélo. «Nous sommes en train de passer des commande pour augmenter considérablement» le nombre de ces deux-roues, a fait savoir l'élu.

le contact

La mairie a un objectif : que ses policiers soient présents sur le terrain «tout le temps», 24h/24 et 7 jours sur 7, «pour que les Parisiens puissent facilement les contacter». Il est donc hors de question de créer des commissariats, avec des agents postés à des guichets.

«Il y aura aussi un référent par arrondissement. Nous souhaitons d'ailleurs que les policiers puissent assister au conseils de quartiers pour qu’ils puissent rendre compte de leur action», a fait savoir Nicolas Nordman.

La formation

«Nous prévoyons de créer une école parisienne de la sécurité», en lien avec le Centre national de la fonction publique territoriale, a annoncé Nicolas Nordman. Son emplacement n'est pas encore déterminé, mais elle devra permettre d'assurer «une formation initiale d'un an pour chaque nouveau policier recruté, ainsi que des formations en continu en roulement» pour les agents actuels de la DPSP.

De plus, l'équipe d'Anne Hidalgo tient à ce que la police municipale soit «exemplaire et transparente». Pour cela, «une instance indépendante que nous allons créer veillera au respect absolu du code de déontologie de la police», a assuré l'adjoint. Elle se doublera «d'un observatoire de la tranquillité publique», qui fournira aux parisiens et aux journalistes «les chiffres des interventions arrondissement par arrondissement».

Le Budget

La question est délicate alors que la crise du coronavirus et les confinements plombent les finances parisiennes. «Les discussions budgétaires vont s'ouvrir», en amont «du vote du budget de la ville de Paris en décembre», a esquivé Nicolas Nordman. Il a toutefois indiqué que «50 formateurs» allaient devoir être recrutés pour mettre la force sur pied, «même s'ils ne seront pas embauchés par la ville».

Par ailleurs, alors que la concurrence est rude entre les villes françaises pour enrôler des policiers municipaux, l'élu a indiqué que Paris allait faire des efforts pour «recruter et fidéliser ses agents». Il a notamment évoqué des pistes sur «les indemnités et le logement».

Le calendrier

La création de la police municipale parisienne est un chapitre de la vaste proposition de loi sur la sécurité globale. Elle va commencer à être débattue au Parlement mardi 17 novembre. Les discussions s'annoncent acharnées, surtout dans un contexte sécuritaire tendu, mais le gouvernement a décidé que le texte sera étudié en procédure accélérée.

L'entourage d'Anne Hidalgo espère donc que la loi soit effective en «février ou mars 2021». Ensuite, le décret prévoit que la constitution de cette force soit validée par les élus de la capitale, ce qui implique donc un vote du conseil de Paris. En revanche, une consultation des parisiens n'est pas à l'ordre du jour. «La concertation a déjà eu lieu il y a quelques mois lors des élections municipales. Anne Hidalgo s'était prononcée clairement pour cette création. Personne ne pourra dire qu'il a été pris en traître», a pointé Nicolas Nordman.

Puis, «dès que la loi sera promulguée, des policiers municipaux seront sur le terrain. Bien-sûr, il y aura une période intermédiaire, où ils cohabiteront avec les agents de la DPSP, qui devrait durer 18 mois. Mais nous espérons que la police se déploie dans sa globalité en 2022-2023, et achever le processus en 2024», table le responsable.

Paris est actuellement, avec Brest, la seule ville française de plus de 100.000 habitants à ne pas avoir sa propre police. Une anomalie historique qui remonte à un arrêté du Consulat le 12 messidor an VII (1er juillet 1800), donnant les pouvoirs de gestion de la sécurité dans la capitale au nouveau préfet de police de Paris.

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