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Christine Barois, psychiatre : «Les enfants ont une capacité d'adaptation étonnante»

Docteur Christine Barois, psychiatre. [Tous droits réservés]

Face à la flambée des contaminations, le gouvernement a décidé de fermer les écoles, collèges et lycées à partir du 5 avril. Les vacances ont également été unifiées pour toutes les zones.

«Une petite parenthèse», a assuré Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l'Education a indiqué que le retour en classe se ferait le 26 avril pour les élèves de primaire et de maternelle, et le 3 mai pour les collégiens et lycéens.

D'ici là, les enfants font face à une nouvelle période de cours à distance. Christine Barois, psychiatre, en décrypte les conséquences psychologiques. 

A partir du 5 avril, les écoles seront fermées pour un mois. Quelles vont être les conséquences psychologiques sur les enfants ? 

Tout dépendra de la durée de fermeture. Si c'est une période assez brève, comme ici, avec une semaine à distance et deux semaines de vacances, les effets secondaires sur les enfants seront plutôt modestes. Une prolongation rendrait les choses plus difficiles pour eux. Mais il faut relativiser : les enfants ont une capacité d'adaptation étonnante. Par exemple, les masques ont été un non-sujet pour eux. Ils ont réussi à s'y habituer presque mieux que les adultes. 

Par rapport au premier confinement, les enfants seraient donc plus préparés ? 

Oui, il peut y avoir un effet d'habituation (en psychologie, une forme d'apprentissage, ndlr). Lors du premier confinement, nous subissions une certaine pression, nous pensions que c'était exceptionnel et que ça ne se reproduirait pas. Pour le deuxième, même si les écoles n'étaient pas fermées, il y a eu un sentiment de rechute. Là, nous avons l'impression d'une maladie chronique. Il faudra vivre avec ce virus et au fur et à mesure, les enfants s'y habituent. 

Qu'est-ce qui risque d'être le plus difficile pour eux ? 

Les enfants ont besoin de communiquer, de jouer avec leurs camarades... A distance, c'est plus compliqué. Quant aux cours en visio, nous manquons encore de recul pour tirer des conclusions. Nous savons qu'à cause d'un phénomène psychique, l'enfant préfère avoir un enseignant qui lui montre comment faire. S'il se retrouve seul devant un apprentissage, il a beaucoup plus de difficultés. Mais nous ne savons pas si la présence d'un enseignant en visio est suffisante. 

Y a-t-il un profil d'enfants qui risque de moins bien vivre cette période ? 

Cela peut dépendre de l'âge. Par exemple, les adolescents s'adaptent parfois moins bien que les petits, mais ils sont plus mâtures. Ils comprennent que ces mesures sont prises pour le bien de tous.

Ensuite, il y a les enfants issus de milieux défavorisés, qui risquent d'être les moins suivis. Certains d'entre eux peuvent avoir une baisse de motivation et ne pas se sentir assez stimulés. Pendant le premier confinement, nous avons aussi eu affaire à des enfants qui n'avaient pas Internet. Il est possible que ceux-là décrochent. 

Avez-vous des conseils à donner pour que les enfants vivent au mieux cette période sans école ? 

Puisque nous avons le droit de sortir, je conseillerai d'organiser des moments à l'extérieur. Les enfants peuvent par exemple aller s'aérer au parc. Avec le temps qu'il fait en ce moment et les journées qui se rallongent, c'est plus facile. Tout en respectant les gestes barrières bien sûr.

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