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L'édito d'Elodie Huchard : «Valérie Pécresse : le piège du rassemblement»

Dans son édito de ce mercredi 26 janvier, Elodie Huchard, journaliste politique CNEWS, revient sur la campagne de Valérie Pécresse, qui tente de trouver sa place, en rassemblant les électeurs de droite.

«Avant de rassembler son pays, il faut rassembler ses amis». Voilà ce que Valérie Pécresse a déclaré devant l’UDI samedi lorsque le parti a décidé de la soutenir pour la présidentielle. Voilà pour les bonnes intentions.

Il y a quelques semaines, Jean-Christophe Lagarde avait prévenu qu’en cas de victoire d’Éric Ciotti, l’UDI fera cavalier seul. Ils font finalement campagne ensemble aux côtés de Valérie Pécresse, mais l’ambiance n’est pas au beau fixe. Hier matin, Éric Ciotti n’a pas mâché ses mots, il estime que ce n’est pas à Lagarde de décider de la ligne….

Cet épisode est l’illustration de la complexité pour Valérie Pécresse de mettre tout le monde d’accord. Éric Ciotti veut incarner une ligne dure sur la sécurité, Philippe Juvin veut mettre l’accent sur le social, Hervé Morin veut peser sur l’éducation et l’Europe, Jean-Christophe Lagarde veut aussi participer au programme. Bref tout le monde veut prendre sa part au projet.

Cela se ressent dans l’organigramme, Valérie Pécresse réunit les anciens lieutenants de chacun des anciens candidats, elle fait de la place pour tout le monde… Problème, quand tout le monde est autour de la table il est compliqué de trouver un équilibre. Les efforts pour Valérie Pécresse pour rassembler ont dans un premier temps fonctionner : déplacement chez chacun de ses concurrents, elle se montre avec les ténors comme François Baroin ou Laurent Wauquiez. Peu auraient parié sur un soutien à la candidate, pour l’instant pas de départ chez Macron ou Zemmour mais on le voit bien, l’équilibre peut vite tourner au grand écart.

Valérie Pécresse ne risque-t-elle pas de perdre sa ligne politique?

Que disait-elle à peine élue ? J’ai ma ligne, personne ne m’en fera changer. C’est d’ailleurs l’origine du premier couac avec Éric Ciotti, elle ne voulait pas reprendre certaines de ses propositions. Elle a appris de ses erreurs, poliment elle écoute les propositions.. Face aux centristes et l’UDI elle a affirmé qu’elle pourrait reprendre certaines de leurs idées. Elle ne promet rien, mais elle note beaucoup, avec les élus ou avec les personnes qu’elle rencontre lors de table ronde. L’image qu’elle veut donner est celle-là: une candidate qui travaille ses dossiers et à l’écoute.

Fidèle à son mentor, Jacques Chirac, elle a toujours avec elle un carnet offert en Corrèze, où elle consigne ce qu’on lui explique. Elle note les problèmes, les incohérences, les demandes… Elle agit avec ses conseillers politiques comme avec les gens rencontrés, elle veut se faire son propre avis, elle consulte, elle se renseigne mais elle tranche… Proche conseiller : «Valérie Pécresse est une vraie cheffe, elle interroge, elle peut changer d’avis, mais elle décide. Elle sait écouter et décider, c’est rare. Ce que lui conseille son entourage désormais c’est ça: montrer qu’elle est la cheffe.

Trancher sa ligne donc, quitte à froisser. Surtout depuis semaine dernière tous ses proches sont d’accord et le répètent: elle doit se débarrasser du poids des anciens concurrents. Ténor du parti : «elle a bien réussi à rassembler mais tous prennent trop de place, elle doit s’afficher seule maintenant, la présidentielle est une candidature individuelle». C’est donc le moment pour elle de s’émanciper des figures du parti.

Nicolas Sarkozy ne lui a pas encore apporté son soutien

C’est le silence le plus pesant dans sa campagne. On sait qu’il a voté au Congrès, pour qui on l’ignore. On sait que Valérie Pécresse l’a appelé après sa victoire et qu’ils se sont vus…

Fidèle de Nicolas Sarkozy: «il a été impressionné» par sa campagne interne, il n’est pas toujours tendre mais considère qu’elle travaille, qu’elle a beaucoup progressé. Proche qui promet qu’il va prendre position, mais est-ce si certain?

«Il est compliqué d’avoir des successeurs» reconnaît ce même Sarkozyste. Et c’est là aussi le problème, Nicolas Sarkozy est le dernier président de droite, et il semble aimer cette position particulière. Et puis, notamment chez en Marche il y a ceux qui pensent que Nicolas Sarkozy a un projet autre : il parierait sur une réélection d'Emmanuel Macron, mais sur une défaite aux législatives. Emmanuel Macron devrait aller composer avec une assemblée non acquise à cause, et c’est là que Nicolas Sarkozy pourrait entrer en jeu : créer avec Emmanuel Macron une grande majorité et alliés de en marche à la droite… En tout cas ce qui est sur c’est que chez Valérie Pécresse on serait soulagé d’avoir enfin le soutien officiel de Nicolas Sarkozy.

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