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Répression, légalisation, dépénalisation... Que pensent les candidats à la présidentielle du cannabis ?

Selon les chiffres de l'OEDT en septembre 2021, près de 45 % des Français de 15-64 ans ont déjà consommé au moins une fois du cannabis dans leur vie. [JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP]

Premier pays européen consommateur de cannabis avec un million de fumeurs quotidiens, la France a toujours opté pour la répression à ce sujet. A l’approche de l'élection présidentielle, voici un tour d’horizon des postures des candidats sur cette thématique.

Selon les chiffres fournis par l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) en septembre 2021, 44,8 % des Français de 15-64 ans, soit 18 millions de personnes, ont déjà consommé au moins une fois du cannabis dans leur vie. Logique donc que le sujet soit abordé par les différents candidats à la présidentielle.

Emmanuel Macron

Malgré une politique répressive menée à ce sujet, à l’image de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a tout de même ouvert des brèches en faveur d’une légalisation progressive de cette plante. Il a notamment autorisé le cannabis médical, tout en modifiant les peines pour les consommateurs de cannabis, passant d’éventuelles poursuites pénales à une amende.

Pourtant, dans son discours, le chef d’Etat a gardé une ligne répressive à ce sujet. «Ceux qui prennent de la drogue doivent comprendre que, non seulement, ils mettent leur santé en danger, mais qu’ils alimentent aussi le plus grand des trafics. On se roule un joint dans son salon et à la fin on alimente la plus importante des sources d’insécurité…», a expliqué Emmanuel Macron en septembre dernier lors d’un déplacement à Marseille.

Marine Le Pen

Dans la lignée du Front National puis du Rassemblement National, Marine Le Pen a exprimé son refus catégorique de dépénaliser le cannabis. Elle s’est déclarée partisane d’une intensification de la lutte contre cette plante, critiquant notamment la décision gouvernementale de pénaliser les consommateurs d’une amende forfaitaire comme «un début de dépénalisation».

Interrogée le 19 janvier dernier sur France Inter, la candidate RN a indiqué que la légalisation du cannabis ne ferait que «déplacer la criminalité» vers des drogues plus dures. Enfin, elle a mis en avant un argument sanitaire, pointant du doigt un produit «mauvais pour la santé et particulièrement les capacités cognitives des jeunes».

Valérie Pécresse

La candidate LR s’est positionnée contre toute forme d’assouplissement de la législation en place au sujet du cannabis, pointant du doigt une substance «mauvaise pour la santé» qui pourrait faire «sauter l’interdit sur la drogue» en cas de dépénalisation.

«Si on légalise le cannabis, on légaliserait à un certain taux de THC, un certain taux de drogue. Que feront les dealers ? Ils ne vont pas se faire priver de leurs revenus, donc ils iront dealer autre chose», a défendu Valérie Pécresse dans l’émission Le Grand Rendez-vous sur Europe 1 et CNEWS en avril dernier.

Valérie Pécresse a proposé de s’appuyer sur un système «d’amende pénale» pour les consommateurs, pouvant éventuellement être «inscrite au casier judiciaire» de la personne jugée.

ERIC ZEMMOUR

Se voulant pragmatique en faisant un constat d’échec de la politique française sur la prohibition du cannabis, Eric Zemmour semble être l’unique candidat de droite à tenir une position différente à ce propos.

«Vous imaginez que spontanément j’ai plutôt un tempérament répressif, et que je n’ai pas du tout envie que mes enfants fument du cannabis. Mais j’essaye de réfléchir en fonction des faits, des réalités. Et je me dis : ça ne marche pas, on a des chiffres terribles, il faut le reconnaître, la répression ne marche pas. Je me demande si on ne devrait pas organiser la légalisation ordonnée du cannabis», avait analysé Eric Zemmour sur CNEWS en mai dernier.

Mais à l'époque, il n'était pas encore candidat. Reste donc à savoir s'il continue de penser ainsi? Son programme mis en ligne de contient aucune mesure sur le cannabis, mais il prévoit de «créer une force nationale anti-drogue, pour démanteler les réseaux».

Yannick Jadot

Yannick Jadot milite pour la légalisation du cannabis afin de mieux encadrer la consommation de cette drogue et de mobiliser les forces de l’ordre sur d’autres problématiques.

«Faire le choix de la légalisation du cannabis, c’est permettre une meilleure politique de santé publique et un meilleur usage des forces de police»,, a expliqué le candidat EELV à l’élection présidentielle sur Franceinfo en avril dernier

Jean-Luc Mélenchon

Conformément à sa prise de position déclarée lors de la précédente élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon s’est dit favorable à la légalisation du cannabis afin d’en réglementer l’usage.

«En annonçant la légalisation de la consommation de cannabis, la ministre de la Santé canadienne n’a pas appelé à en fumer. Elle a déclaré ‘nous allons introduire une législation pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants», a expliqué le tête de liste LFI sur son blog personnel en 2016 après un voyage au Canada, où il a pu constater l’expérimentation de ce projet.

Fabien Roussel

Le candidat du PCF a marqué son opposition à la légalisation du cannabis mais il s’est déclaré ouvert à un débat avec les citoyens français sur cette thématique. «On a besoin d'avoir un grand débat sur le sujet. Je suis plus tendance dépénalisation que légalisation», a expliqué Fabien Roussel le 23 janvier 2022 dans l’émission Le Grand Jury diffusée sur RTL, LCI et Le Figaro.

Anne Hidalgo

La maire de Paris avait pris position en octobre 2018 sur le sujet, en réclamant un «plan antidrogue» avec davantage de moyens. «Bien sûr qu’il y a un problème. Vous savez, il y a des quartiers qui sont complètement pourris par la drogue. Et pour moi, le sujet n’est pas tant de savoir s’il faut légaliser ou pas la consommation du cannabis, c’est de savoir s’il n’y a pas un plan contre la drogue qui doit être porté par ce pays avec force car c’est une économie qui vient abîmer tout», a détaillé Anne Hidalgo sur Public Sénat.

Nicolas Dupont-Aignan

Fervent militant de la prohibition, Nicolas Dupont-Aignan a demandé plus de répression concernant les vendeurs et les consommateurs de cannabis.

«Si vous légalisez le cannabis, les trafiquants se mettront sur des drogues plus dures et vous allez favoriser la consommation de produits dangereux», a expliqué le chef de file de Debout la France sur Europe 1 en mai dernier.

Philippe Poutou

La tête d’affiche du NPA a clairement annoncé son ambition de légaliser le cannabis afin d’arrêter la politique répressive des différents gouvernements successifs dans l’Hexagone ces dernières décennies.

Philippe Poutou avait déjà tenu cette position lors de la dernière élection présidentielle en présentant des mesures en ce sens dans son programme.

A noter que, ce lundi 24 janvier, le Conseil d’Etat a suspendu l'arrêté du gouvernement interdisant la vente de la fleur et de la feuille de chanvre chargée en CBD, la molécule non-psychotrope du cannabis.

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