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Tuerie de Nanterre : il y a vingt ans, la préfecture des Hauts-de-Seine basculait dans l'effroi

En cinquante secondes à peine, un homme tire à 37 reprises en plein Conseil municipal retirant instantanément huit vies. [AFP]

C'était il y a vingt ans jour pour jour. Le 27 mars 2002, à Nanterre, près de Paris, un homme ouvre le feu sur les élus rassemblés en Conseil municipal. La fusillade, connue depuis comme la tuerie de Nanterre, fera 8 morts et 19 blessés. Hier, pour les 20 ans du drame, la ville des Hauts-de-Seine a lancé plusieurs initiatives pour rendre hommage aux victimes. Retour sur une nuit d'effroi.

Louisa Benakli, Olivier Mazotti, Jacotte Duplenne, Michel Raoult, Christian Bouthier, Monique Leroy-Sauter, Valérie Méot et Pascal Sternberg sont les huit élus morts ce soir-là. Ce 27 mars 2002, la séance du Conseil municipal, qui s’est prolongée tard, s’achève seulement dans la nuit. Il est ainsi un peu plus d’une heure du matin, quand un homme, qui était jusqu'ici assis dans le public, se lève et sort une arme dissimulée sous sa veste, avant de se mettre à tirer devant lui.

En cinquante secondes à peine, l'individu tire à 37 reprises retirant instantanément huit vies, blessant 19 autres personnes et laissant ceux qui s'en sortent par miracle traumatisés pour le restant de leurs jours. Lorsqu’il est enfin maîtrisé par des élus et un agent communal, il hurle : «Tuez-moi !»

L’homme qui vient d’ouvrir le feu sur les membres du conseil municipal de Nanterre, s’appelle Richard Durn et est âgé de 33 ans au moment des faits. Le jeune homme originaire de Slovénie appartenait au Parti socialiste avant de devenir militant écologiste, membre des Verts tout en faisant partie de la Ligue des droits de l'homme. 

Le tireur se suicide lors de sa garde à vue

Placé en garde à vue, Richard Durn passe aux aveux, avant de se suicider dès le lendemain le 28 mars 2002. Le tireur se jette en effet du quatrième étage du 36 quai des Orfèvres, siège historique de la police judiciaire parisienne. Dans une lettre envoyée à une amie avant le drame, Richard Durn explique les raisons de son passage à l’acte.

«Puisque j’étais devenu un mort-vivant par ma seule volonté, je décidais d’en finir en tuant une mini élite locale qui était le symbole et qui étaient les leaders et décideurs dans une ville que j’ai toujours exécrée. (…) Je vais devenir un serial killer, un forcené qui tue. Pourquoi ? Parce que le frustré que je suis ne veut pas mourir seul, alors que j’ai eu une vie de merde, je veux me sentir une fois puissant et libre.»

la présidentielle 2002 chamboulee

Cette fusillade, passé à la postérité, comme la tuerie de Nanterre, vient percuter de plein fouet la campagne présidentielle de 2002. Le président sortant de droite, Jacques Chirac, est alors candidat à sa réélection. Son discours sur l’insécurité au lendemain de la tuerie est considéré par ses opposants, notamment de gauche, comme une récupération politique.

Trois jours avant le premier tour, le Premier ministre de l’époque, le socialiste Lionel Jospin, propose de son côté neuf mesures pour durcir la législation sur les armes. 

Richard Durn, tireur sportif, avait obtenu des licences pour l’achat d’armes à feu. Cependant, au moment des faits, ces dernières étaient expirées depuis longtemps mais les armes étaient toujours en sa possession. 

Pendant que droite et gauche s'accusent mutuellement, l'extrême droite entend, elle, bien se saisir du drame pour nourrir sa campagne, se défendant de toute «récupération politique».

Loin des querelles de l'époque, en février dernier et en vue des commémorations du drame qui ont lieu ces 26, 27 et 28 mars, l’hôtel de ville de Nanterre a officiellement vu le parvis l'entourant changer de nom. Pour rendre hommage aux victimes, celui-ci est désormais connu comme la «place du 27-mars». 

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