En direct
A suivre

L'édito d'Agnès Verdier-Molinié : «programme des candidats : quels impacts ?»

Dans son édito de ce vendredi 22 avril, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, évoque les programmes d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, du point de vue économique.

Cela donne des résultats mitigés à l’aune de la période que nous allons vivre avec le gouffre de nos finances publiques, l’inflation et les taux sur la dette qui montent. Ces sujets ont été soigneusement mis sous le tapis et vont nous sauter à la figure dès la période des élections passée. On sait ce qu’il faut faire : baisser les dépenses publiques et les prélèvements obligatoires car la France est le pays qui dépense le plus et taxe le plus. Mais ces derniers jours ont été plutôt le temps du chéquier et de la valse des promesses couteuses et non financées sauf à augmenter encore les impôts…

Chez Marine Le Pen les seules vraies baisses de dépenses sont la suppression des chaines publiques et les mesures de préférence nationale qu’elle chiffre à 20 milliards d’économies mais rien n’est moins sûr et chez Emmanuel Macron, c’est le report de l’âge de départ à 65 ans pour la retraite mais on a compris que tous les salariés ne seraient pas concernés -via la pénibilité- donc les économies sont incertaines comme sont incertains les 10 milliards d’euros d’économies sur le financement des collectivités locales… Et ce alors même que les hausses de dépenses sont très claires : réindexation des pensions, embauches publiques, investissements dans le nucléaire, dans la sécurité. Résultat, en fin de quinquennat, les dépenses publiques par rapport au PIB ne baissent pas ni avec Emmanuel Macron ni avec Marine le Pen par rapport à la trajectoire de référence. Quant aux prélèvements obligatoires, ils augmentent un tout petit peu avec Emmanuel Macron et baissent un tout petit peu avec Marine Le Pen.

Oui trop élevé puisque le déficit public (c’est-à-dire ce qui n’est pas financé par les recettes publiques) en milliards serait toujours de plus de 80 milliards avec le programme d’Emmanuel Macron et de 147 milliards d’euros avec le programme de Marine Le Pen. Et cela risque de s’aggraver du fait de l’inflation avec une charge de la dette plus lourde qui aggravera mécaniquement le déficit public. Tout aussi inquiétant : le déficit commercial de la France ne s’améliorerait qu’à la marge avec 85 milliards de déficit commercial pour Emmanuel Macron et 91 milliards pour Marine Le Pen.

La dette publique (soit l’addition des déficits cumulés) aura augmenté de plus de 600 milliards en 5 ans dont environ 265 milliards à cause du Covid. Si on applique le programme d’Emmanuel Macron tel qu’il est (en encore les dernières promesses de dépenses ne sont pas dedans), elle augmentera encore de 577 milliards d’ici 2027, quant à la dette avec le programme de Marine Le Pen, ce serait une augmentation de 785 milliards… donc pas de quoi pavoiser ! Il va falloir sortir d’autres mesures comme par exemple le frein à l’endettement dans la constitution pour arrêter de s’endetter pour payer les dépenses de fonctionnement de l’Etat et de la Sécurité sociale. Le vrai programme est peut-être dans les tuyaux mais il n’est pas sur la table.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités