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Incendies : des élus du pourtour méditerranéen s'inquiètent du nombre insuffisant de Canadair

Mercredi dernier, lors d'un déplacement en Gironde, Emmanuel Macron a promis l'achat d'avions supplémentaires.[PHILIPPE LOPEZ / AFP]

Sujets aux incendies, les départements du pourtour méditerranéen s'inquiètent de voir les Canadair mobilisés ailleurs, notamment en Gironde. Les élus dénoncent leur nombre insuffisant.

Alors que des «mégafeux» ont dévoré près de 21.000 hectares de forêt en Gironde depuis le 12 juillet, «l'insuffisance» des moyens aériens disponibles contre les incendies inquiète sur le pourtour méditerranéen français. Les élus, mais aussi les responsables des services de secours et de parc régionaux interpellent Emmanuel Macron : «L'Etat doit nous entendre».

Le président du Service d'incendie et de secours du Var, Dominique Lain, a notamment alerté sur le fait que «le déplacement des moyens aériens en dehors de la zone habituelle», c'est-à-dire hors des régions où les incendies sont récurrents en été, «met en péril la couverture des départements méditerranéens».

Fin juin, les scientifiques de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) avaient en effet prédit une augmentation des feux, à cause du réchauffement climatique. Non seulement ils devraient s'intensifier là où ils sont les plus fréquents, dans le Sud-Est notamment, mais ils vont désormais toucher les régions plus au nord, jusque-là «immunisées».

Cet été, sécheresse et canicule font peser d'importants risques mais il est de plus en plus difficile de «pré-positionner comme chaque année sur le département des Canadair ou des hélicoptères lourds» puisqu'ils sont mobilisés ailleurs, notamment en Gironde, développe Dominique Lain.

«La stratégie d'attaque rapide et massive sur les feux naissants, qui a fait ses preuves depuis 30 ans», s'en trouve «fortement dégradée», s'inquiète le président du Service d'incendie et de secours du Var. Surtout sachant que le département a connu le plus important incendie de l'été 2021 en France, avec plus de 6.000 hectares brûlés dans l'arrière-pays de la station balnéaire de Saint-Tropez.

Cette situation démontre que «le nombre global de Canadairs (avions bombardiers d'eau) est insuffisant pour le territoire», juge Jean Mangion, le président du parc des Alpilles et du réseau des parcs naturels de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca). Mercredi dernier, lors d'un déplacement en Gironde, Emmanuel Macron a promis l'achat d'avions supplémentaires mais, pour Jean Mangion, l'Etat a manqué d'anticipation.

«Demain, il sera peut-être trop tard»

«C'est aujourd'hui que les recrutements des pilotes doivent être faits, aujourd'hui que les commandes de Canadair doivent être passées. (...) Tout cela prend du temps et n'a pas été prévu. Demain, il sera peut-être trop tard», déplore-t-il.

A l'heure actuelle, la France dispose en théorie de 19 avions bombardiers d'eau basés à Nîmes-Garons, dans le Gard. Il s'agit de 12 Canadairs capables de transporter chacun 6.000 litres d'eau et de sept avions Dash de 10.000 litres (un huitième est attendu en 2023). Tous se ravitaillent au sol, dans l'un des 22 «pélicandromes» prévus à cet effet.

Ce dispositif est complété par trois avions de reconnaissance «Beechcraft» et des hélicoptères, dont deux bombardiers d'eau lourds (4.000 litres d'eau). La France a par ailleurs acquis deux Canadair supplémentaires pour 2025, dans le cadre d'une commande européenne groupée.

Mais selon le président de la région Paca, Renaud Muselier, «aujourd'hui, la réalité, c'est que les Canadair sont de vieux avions dont seulement six sur 12 sont opérationnels, pour des questions d'entretien ou de pièces détachées». Il explique être prêt à financer un nouvel appareil mais attend le feu vert de l'Etat, seul habilité à passer commande.

En attendant, certains des départements les plus exposés aux feux se retrouvent contraints de financer eux-mêmes la location de moyens aériens. C'est le cas dans le Var, où Dominique Lain lance un appel : «L'Etat doit nous aider financièrement». Espérant «une prise de conscience collective», le président du Service varois d'incendie et de secours a pris rendez-vous avec le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

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