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Motion de censure : pourquoi le sujet divise la Nupes

La France insoumise fait cavalier seul et a déposé une 3e motion de censure qui ne comporte pas la signature des socialistes, communistes et écologistes. [BERTRAND GUAY / AFP]

Alors que la Première ministre Elisabeth Borne a de nouveau dégainé le 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale, la Nupes se divise sur la stratégie à adopter.

Pour la troisième fois en quelques jours, la Première ministre Elisabeth Borne a utilisé mercredi l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer, sans vote, le texte du budget de la Sécurité sociale. Seul moyen pour l'opposition de riposter : déposer une motion de censure pour espérer empêcher l'adoption de la loi et renverser le gouvernement. Les partis ont jusqu'à ce jeudi soir pour déposer leurs motions.

Si la France insoumise a d'ores et déjà annoncé le dépôt d'une nouvelle motion de censure, la stratégie à adopter divise la Nupes, la coalition des partis de gauche dont LFI fait partie.

«On va déposer une motion de censure, en tout cas du côté insoumis», a expliqué sur France 2 le député insoumis Éric Coquerel. Contrairement aux deux motions précédentes, celle-ci ne sera donc pas déposée au nom de l’ensemble de la Nupes.

ne pas «banaliser»

Les écologistes d'EELV ont effet confirmé qu'ils ne déposeraient pas de motion au côté de LFI. «Il y a malheureusement à la France insoumise une stratégie qui vise à rassembler l’ensemble des oppositions pour faire tomber le gouvernement. Cela n’est pas la position des écologistes», a rappelé l'eurodéputé EELV Yannick Jadot ce jeudi matin sur France Inter.

Alors que La France insoumise est favorable à un dépôt systématique de motion de censure en cas de 49.3, ses alliés ne partagent pas cette ligne dure. Interrogée au micro de Sud Radio, la députée EELV Christine Arrighi estime qu'il ne faut pas «banaliser» le recours à une motion de censure, une procédure qui doit selon elle conserver de la «solennité».

pas de dépôt avec un LFI, mais un vote ?

Si EELV refuse de déposer une motion, voter celle de LFI reste une option. A ce sujet, Christine Arrighi a indiqué que son groupe n'avait pas encore pris de décision.

Du côté des communistes, le son de cloche est sensiblement le même. Toutefois, le député PCF Pierre Dharréville a indiqué à l'AFP qu'il «respecte» la décision de la France insoumise et qu'il se dit même «disposé à voter la motion».

Les socialistes, enfin, n'ont pas encore pris position. «Faut-il de nouveau redire que nous ne sommes pas d'accord, alors que le message est passé, c'est pas forcément une évidence», a déclaré sur RFI le député PS Arthur Delaporte.

Malaise autour d'une «alliance» avec le RN

Lundi, le ralliement surprise des voix du RN à l'une des motions Nupes avait provoqué un malaise dans les rangs de la gauche. Sur Twitter, le socialiste dissident François Kalfon, opposé à l'alliance du PS avec la Nupes, avait accusé LFI d'avoir «fait retirer toute mention positive à l'immigration pourtant présente dans la motion de censure de la gauche pour permettre au RN de la voter». Des allégations relayées sur France Inter par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin mais aussitôt démenties par les élus de la Nupes et contredites par un récent article de l'Humanité.

Toujours est-il que la possibilité d'une alliance, de fait, avec le Rassemblement national pour renverser le gouvernement continue de diviser. «Vous ne pouvez pas contrôler le vote du Rassemblement national (...) La prochaine fois, la leçon c'est qu'on fera une motion de censure qui sera invotable par le RN», a tranché ce jeudi Yannick Jadot.

La motion LFI devrait être débattue lundi. Elle n'a cependant quasiment aucune chance de renverser le gouvernement. Le projet de budget 2023 de la Sécurité sociale serait alors considéré comme adopté en première lecture, et pourra être examiné au Sénat.

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