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Viol : la justice annule la condamnation de Farid El Haïry, 19 ans après

L'avocat de Farid El Haïry a pointé une enquête «scandaleuse et partiale». [© Philippe HUGUEN/AFP]

Dix-neuf ans après avoir été jugé coupable de viol sur mineure, Farid El Haïry a vu ce jeudi 15 décembre la justice annuler sa condamnation. La jeune femme l'ayant accusé avait écrit une lettre dans laquelle elle avoue avoir menti.

Farid El Haïry est devenu le douzième réhabilité depuis 1945 ?  Alors qu’il avait été jugé coupable de viol sur mineure en 2003, l’homme de 41 ans a vu la justice annuler sa condamnation ce jeudi. Son accusatrice a en effet envoyé une lettre il y a cinq ans au procureur pour lui expliquer qu’elle avait menti, indiquant que l’auteur du viol était son frère.

«Rien ne subsiste à la charge de Farid El Haïry», a déclaré le président de la cour de révision Nicolas Bonnal, ajoutant que cette condamnation était annulée sans nouveau procès. «L'affaire est terminée par cette décision qui vous lave de toute condamnation».

«Après 24 ans de souffrance, je ne sais pas trop quoi dire», a déclaré M. El Haïry à la sortie de l'audience. «Tout ce que je peux dire c'est que je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu».

Cette affaire avait débuté en 1998, lorsque Julie D., âgée alors de 14 ans, avait accusé plusieurs individus d’agressions sexuelles. Parmi eux se trouvait Farid El Haïry. La plaignante l’avait une nouvelle fois désigné comme l’auteur d’un viol contre elle, quelques mois plus tard. Agé de 17 ans à l’époque, il avait été jugé par la Cour d’assises des mineurs de Douai, cinq ans plus tard, et condamné à cinq ans de prison dont quatre ans et deux mois avec sursis. Ayant déjà effectué la période de prison ferme lors de sa détention provisoire, il était ressorti libre du procès. Sa famille avait dû verser 17.000 euros de dommages et intérêts à sa victime.

«Je me sens honteuse et coupable»

Le 23 octobre 2017, Julie D. a donc adressé une lettre au procureur de Douai, indiquant que «monsieur Farid E. n’est coupable de rien et n’a jamais commis d’actes d’agression sexuelle ou de viol sur [s]a personne», a révélé Le Monde. Elle y explique aussi avoir été victime d’inceste par son grand frère, à plusieurs reprises, et avoir voulu «protéger sa famille», alors que des proches connaissaient la vérité. «Je me sens honteuse et coupable vis-à-vis de Farid E. Il ne méritait pas cela. J’ai mis de longues années à sortir de ce déni. (…) J’assumerai les conséquences de mes actes», a-t-elle indiqué.

Cinq ans après la réception de la lettre, et trois ans après que des enquêteurs ont entendu Julie D., la cour de révision a donc ouvert la semaine dernière le procès pouvant mener à la réhabilitation de Farid El Haïry. «Il a payé à la place d’un autre», a dénoncé son avocat, sur franceinfo. Selon lui, l’enquête a été menée de façon «scandaleuse et partiale», pointant même «une dimension raciste». L’avocate de Julie D. reconnaît elle aussi des «dysfonctionnements», en rappelant que «la parole d’un enfant ou d’une adolescente veut dire quelque chose, mais il faut analyser, creuser, vérifier».

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