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Procès en appel du Mediator : la lanceuse d'alerte Irène Frachon entendue ce mardi

Irène Frachon sera entendue en qualité de témoin. [FRED TANNEAU / AFP]

Le procès en appel du groupe pharmaceutique Servier dans l'affaire du Mediator, médicament antidiabétique tenu responsable de centaines de décès en France, s'est ouvert le 9 janvier dernier à Paris. L’audition très attendue d’Irène Frachon, qui avait révélé au grand public l'affaire, se tient ce mardi à 13h30.

Une audition capitale. Treize ans après son interdiction, le Mediator, médicament prescrit à environ cinq millions de personnes contre le traitement du diabète mais également comme coupe-faim, est de nouveau au cœur des débats. Les laboratoires Servier, qui l'ont mis sur le marché en 1976, sont jugés en appel à Paris depuis le lundi 9 janvier, et l’audition décisive d’Irène Frachon, la pneumologue qui avait révélé l'ampleur du scandale, se tient ce mardi. 

L’affaire avait éclaté en juin 2010 lorsque Irène Frachon publie le livre Mediator 150 mg : combien de morts ? aux éditions Dialogues. Le livre retrace sa lutte pour révéler au grand jour l’indication fallacieuse, la nature amphétaminique cachée, ainsi que les risques pourtant déjà bien connus de ce médicament commercialisé par les laboratoires Servier.

Irène Frachon sera entendue ce mardi en qualité de témoin, dans l'optique de faire condamner la firme pour «obtention indue d’autorisation de mise sur le marché» et «escroquerie», deux chefs d’accusation pour lesquels les laboratoires Servier avaient été relaxés. 

Le ministère public avait réclamé 10,228 millions d'euros d'amende

Les laboratoires Servier avaient été condamnés, le 29 mars 2021, à payer 2,7 millions d’euros pour tromperie aggravée et homicides et blessures involontaires. Le tribunal correctionnel de Paris a considéré qu'ils avaient été «les auteurs d'une fraude d'une ampleur considérable et inédite, dont ont été victimes des milliers de patients», alors qu'ils «disposaient, à partir de 1995, de suffisamment d'éléments pour prendre conscience des risques mortels» liés au Mediator. 

Pourtant, bien qu'il reconnaisse des «dissimulations» de la part de la firme sur les propriétés «coupe-faim» du Mediator, le tribunal correctionnel de Paris estime, dans son jugement, que celles-ci «ne peuvent pas constituer à elles seules des manœuvres frauduleuses». Ainsi, il a relaxé le groupe pharmaceutique du délit d'escroquerie. C'est de cette relaxe partielle que le parquet de Paris a fait appel le 6 avril 2021. 

Et pour cause, la condamnation est bien en deçà des réquisitions du ministère public, qui avait réclamé, en juin 2020, un total de 10,228 millions d'euros d'amende à l'encontre des laboratoires Servier, et de cinq de leurs filiales. Le tribunal correctionnel a également relaxé le groupe Servier du chef d'obtention indue d'autorisation de mise sur le marché, estimant que les faits étaient prescrits. Le parquet de Paris a aussi fait appel de cette relaxe.

Six personnes morales et une personne physique sont rejugées devant la cour d'appel de Paris pour escroquerie, tromperie, homicides et blessures involontaires, ainsi que pour obtention frauduleuse de document administratif. Au total, 7.653 personnes se sont constituées parties civiles, et la cour prévoit par ailleurs d’interroger 86 experts scientifiques mais aussi des centaines de témoins au cours de ce nouveau procès-fleuve, qui devrait durer environ six mois. 

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