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«Laissez nos utérus en paix» : la gauche et les militantes féministes s’insurgent des propos d’Emmanuel Macron sur la natalité

De nombreuses femmes et militantes féministes réclament la liberté de choisir ou non de faire des enfants De nombreuses femmes et militantes féministes réclament la liberté de choisir ou non de faire des enfants. [THOMAS SAMSON / AFP]

Lors de sa grande conférence de presse de mardi soir, Emmanuel Macron a évoqué la baisse de la natalité en France et appelé à un «réarmement démographique». Des termes qui ont provoqué un tollé à gauche et chez les militantes et associations féministes.

«Réarmement démographique». Ce n’est pas à un quelconque plan militaire qu’Emmanuel Macron a fait référence lors de sa grande conférence de presse mardi soir, mais bien à un plan de lutte contre la baisse de la natalité et contre l’infertilité. Et l’usage du champ lexical de la guerre, en plus de l’injonction faite aux femmes de faire davantage d’enfants, passe mal du côté de la gauche et des militantes et associations féministes. 

«Nos utérus ne sont pas une affaire d’Etat. Il n’y a pas d’enjeu national à faire des enfants. Les femmes font absolument ce qu’elles veulent», a notamment martelé Sandrine Rousseau, députée écologiste, interrogée ce jeudi par TF1. «Ce sont des discours qu’on a vu dans les pires périodes de notre nation», a-t-elle souligné. 

Même son de cloche du côté d’autres femmes politiques de l’opposition, à l’instar de l’eurodéputée Manon Aubry : «Epargnez au moins le corps des femmes de votre discours martial du "réarmement". Laissez. Nos. Utérus. Tranquilles. (Et si le sujet de l’infertilité vous intéresse, n’hésitez pas à regarder du côté des pesticides que vous réautorisez !)», a-t-elle déclaré sur X, faisant notamment référence à l’autorisation pour dix années supplémentaires du glyphosate par l’Union européenne, pour laquelle la France s’est abstenue de voter, alors qu’Emmanuel Macron avait promis de sortir de ce pesticide lors de son élection en 2017.

De son côté, la députée écologiste de Lyon Marie-Charlotte Garin a évoqué les difficultés financières qui s’opposent parfois au désir d’enfant. «Dans quel monde vit-il ? Pas de places en crèche, pas assez d'argent pour acheter un logement, un climat détraqué, et il faudrait faire des enfants pour servir le pays ? Nos utérus ne sont pas des munitions dans une guerre imaginaire, lubie d'un président complètement perché», a-t-elle déclaré en X en réaction au discours d’Emmanuel Macron. 

Les militantes et associations féministes ont-elles aussi vivement réagi aux propos du président de la République. «LAISSEZ NOS UTÉRUS EN PAIX», a publié Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, sur X. L’association a déclaré être «inquiète du discours nataliste du Président qui renforce les mouvements anti-IVG plus vigoureux que jamais», à l’approche des débats et du vote à l’Assemblée nationale sur la constitutionnalisation de l’avortement

L’association Nous Toutes a quant à elle souligné le fait que le président de la République lui-même n’avait pas d’enfant, et a listé plusieurs raisons pour lesquelles la natalité est en baisse, selon elle, comme les problèmes de pouvoir d’achat, la crise climatique, la pollution, la saturation des services hospitaliers… 

Sur les réseaux sociaux, les parallèles entre le discours d’Emmanuel Macron et le roman dystopique «La Servante écarlate» foisonnent. Dans ce roman de Margaret Atwood, où la religion domine la politique dans un Etat totalitaire à la natalité en baisse, les femmes fertiles sont soumises et contraintes à une seule et unique tâche : la reproduction. 

Les internautes à l’imagination débordante se sont par ailleurs immédiatement emparés de l’expression «réarmement démographique». Ainsi, «participer au réarmement démographique» deviendra peut-être une nouvelle accroche pour draguer. D’autres internautes ont quant à eux simplement signifié au président de se mêler de ses oignons, de manière plus ou moins délicate. 

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