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«Faut arrêter les conneries» : Emmanuel Macron dément les propos qui lui ont été attribués sur les «smicards»

En pleine crise agricole, des propos attribués à Emmanuel Macron, relatés par le journal La Marseillaise, font polémique. Selon ce média, le président aurait affirmé que «les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine».

Une polémique de plus pour Emmanuel Macron, en pleine crise agricole. À en croire la Une du journal La Marseillaise de ce samedi, le président de la République aurait affirmé que «les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine». Ces propos ont été fermement démentis par l’Elysée le jour même, qui juge la Une «scandaleuse», mais aussi par le chef de l'Etat lui-même, au Salon de l'agriculture.

«Déontologiquement, c’est honteux. Je n’ai jamais prononcé une phrase comme ça, je n’ai jamais eu une formule comme celle-ci. Vous imaginez, la déontologie de vos confrères, qui ont réussi à mettre en Une de presse une phrase que quelqu’un a dit que j’aurais dit. C’est la fin du journalisme si on fait ça», s’est alors agacé Emmanuel Macron au micro de CNEWS.

Le président a alors demandé à ce que la presse réagisse. Il a notamment rappelé son ouverture au dialogue depuis ce samedi matin au Salon de l’agriculture. «J’ai fait 2h30 de débat, devant les caméras. Je vous réponds dès que vous m’interrogez. Donc il faut arrêter les conneries maintenant de me faire dire des choses. Les guillemets vous pouvez les mettre sur toutes les phrases que je prononce devant la caméra. Les phrases que d’autres rapportent, non», s’est indigné le chef de l’Etat.

L’Elysée dément, le Modef confirme

Après la réaction officielle du Palais, le Modef, le syndicat agricole présent le 15 février dernier à l’Elysée lors d’une rencontre avec Emmanuel Macron, maintient pourtant la position du journal La Marseillaise. Pour ce syndicat, «le président ne s’est pas exprimé en ces termes, mais le fond est le même».

De son côté, l’entourage du chef de l’Etat confirme que «le sujet de la part de l'alimentation dans le budget des ménages» a bien été évoqué. En revanche, il réfute absolument ces mots et ajoute que «publier entre guillemets des propos rapportés sans vérification est par ailleurs curieux déontologiquement».

Mais auprès de La Marseillaise, le président du Modef Raymond Girardi confirme les propos relatés par le média. «Oui, nous y étions plusieurs et je confirme bien que nous avons entendu cela», déclare-t-il ce samedi, estimant que «pour nous le sujet n’est pas la répartition des achats pour les faibles revenus. Les produits de qualité doivent être à la disposition de tous».

Le marché du bio pointé du doigt

Mais concrètement, d’où vient ce verbatim ? Interrogée par l'AFP, Lucie Illy, vice-présidente du Modef et présente à cette réunion, a affirmé que «le président ne s’est pas exprimé en ces termes, mais le fond est le même». Emmanuel Macron a notamment été interpellé par Lucie Illy, arboricultrice bio dans les Hautes-Alpes, sur les «marges abusives que l’on constate parfois sur le bio, et la difficulté pour des personnes qui touchent le Smic de se fournir en produits bio».

«Il m’a dit d’abord qu’il n’y avait pas de marges abusives en bio. Puis il a dit que bien se nourrir est un choix de vie. Alors qu’on a 70 chaînes gratuites en France, on peut se passer d’un abonnement (télé) pour se payer des pommes bio», a-t-elle relaté. Et, pour la vice-président du Modef, choquée par la réponse du président, «quand on travaille et qu’on gagne le Smic, c’est dur de s’entendre dire de choisir entre bien manger et les loisirs, ça peut aller loin».

Un «mépris de classe»

Les propos du chef de l’Etat ont rapidement fait écho auprès des personnalités politiques françaises. Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a immédiatement dénoncé «le mépris de classe jusqu’au bout de la part de celui qui, de toute sa vie, n’aura jamais eu d’arbitrage à faire entre manger mieux et avoir accès à la culture».

La cheffe des députés RN Marine Le Pen a également épinglé un «mépris de classe permanent» du président. «Communication blessante et provocatrice, Emmanuel Macron, dérangeant dans ses attitudes, inquiétant dans ses comportements, incompétent dans sa fonction, accentue la crise politique», a-t-elle insisté.

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