Est-ce bien lui ? Jean-Pierre Sirois-Trahan, professeur à l'université de Laval, à Québec, assure avoir exhumé le premier et le seul film ou apparait furtivement Marcel Proust, l'auteur d'«A la recherche du temps perdu».
S'il existe de nombreuses photos de Proust, on ne connaît aucun film dans lequel il apparaît. Le film muet datant du 14 novembre 1904 et déposé aux archives de Bois-D'arcy (Yvelines) présente le mariage d'Armand de Guiche, un ami proche de Proust, et d'Elaine Greffulhe, la petite-nièce de Robert de Montesquiou, le principal modèle de Charlus. Nous sommes dans le monde des Guermantes, univers fait d'apparât et de richesse.
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D'une minute et onze secondes, ce trésor est visible sur le site du Point qui le premier a révélé cette histoire. Proust apparaît sur l'écran à la 37e seconde. On y voit en effet un homme en redingote à la silhouette svelte, petite moustache noire sur un visage ovale surmonté d'un chapeau melon, descendant les marches de l'église de la Madeleine. On peut effectivement devenir les traits du célèbre auteur que le monde nous envie. Sans en tirer pour autant de certitudes.
Jean-Pierre Sirois-Trahan explique sa découverte dans le dernier numéro de la Revue d'études proustiennes. Le professeur, spécialiste de cinéma, a épluché la presse de l'époque qui s'était faite l'écho de ce mariage mondain. Il est attesté que Proust, alors âgé de 33 ans, y a assisté. Indice. Le film montre que, contrairement aux aristocrates qui l'environnent, Marcel Proust ne porte pas la jaquette noire et le chapeau haut de forme de rigueur. Pour l'universitaire, «on peut deviner là chez Proust une façon artiste de se démarquer, d'affirmer sa singularité». C'était neuf ans avant la publication à compte d'auteur chez Grasset de «Du côté de chez Swann», premier des sept volumes d'«A la recherche du temps perdu».