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Russie: l'influente Eglise orthodoxe soutient Poutine

Le patriarche de l'Eglise orthodoxe Kirill a apporté un soutien appuyé à Vladimir Poutine, premier ministre et favori à la présidentielle du 4 mars prochain, alors que la Russie a connu ces derniers mois une vague de contestation sans précédent contre le pouvoir.[AFP/Archives]

Le patriarche de l'Eglise orthodoxe Kirill a apporté un soutien appuyé à Vladimir Poutine, premier ministre et favori à la présidentielle du 4 mars prochain, alors que la Russie a connu ces derniers mois une vague de contestation sans précédent contre le pouvoir.

"Vous avez joué un rôle personnel énorme pour redresser le cours de l'Histoire dans notre pays. Je voudrais vous en remercier", a déclaré le patriarche lors d'une rencontre organisée début février entre M. Poutine et les leaders des différentes communautés religieuses de Russie.

La Russie a réussi à surmonter le chaos des années 90 "grâce à un miracle divin et l'aide active des dirigeants de notre pays", a ajouté le patriarche à l'adresse de Vladimir Poutine, président de 2000 à 2008 et Premier ministre de 2008 à aujourd'hui.

Après la première grande manifestation de l'opposition en décembre à Moscou, le patriarche avait appelé à éviter la répétition de la Révolution de 1917 qui avait abouti à un "bain de sang", un avertissement manifestement destiné aux manifestants anti-Poutine.

"Les orthodoxes ne savent pas manifester. Leur voix n'est pas entendue. Ils s'inquiètent de ce qui se passe et établissent un parallèle avec l'immoralité des années pré-révolutionnaires, le chaos et la destruction du pays dans les années 1990", a renchéri le patriarche début février.

"L'Eglise pouvait favoriser un dialogue entre l'opposition et le pouvoir mais elle n'a pas saisi l'occasion de devenir une +troisième force+", relève Alexeï Beglov, historien spécialiste de l'Eglise orthodoxe.

Près de 70 % de la population russe se déclare orthodoxe, même si le nombre de pratiquants réguliers n'excède pas 5 à 7% selon divers sondages.

"L'Eglise orthodoxe est le gardien des valeurs morales et spirituelles de la Russie", avait déclaré M. Poutine en arrivant au Kremlin en 2000. Depuis, très régulièrement, l'ex-agent du KGB rencontre le patriarche, se fait photographier un cierge à la main dans une église et assiste aux offices lors des grandes fêtes.

"Les autorités ont besoin de la légitimité symbolique que peut leur conférer l'Eglise", relève Alexandre Verkhovski, du centre d'analyse Sova.

De son côté, l'Eglise orthodoxe a obtenu de l'Etat la restitution d'églises et de monastères confisqués à l'époque soviétique, la présence d'aumoniers dans les unités militaires et des cours d'initiation à la culture orthodoxe dans les écoles.

"Cette alliance avec le pouvoir limite sa marge de manoeuvre: le Patriarche est l'otage de ses relations avec les autorités", estime Boris Falikov, du Centre d'Etudes comparatives des religions.

Plusieurs personnalités de l'Eglise orthodoxe ont exprimé clairement leur soutien à Vladimir Poutine et leur hostilité à l'opposition.

Le père Vsevolod Tchapline, responsable des relations entre l'Eglise et la société au Patriarcat, s'est félicité du probable retour de M. Poutine au Kremlin, qui annonce selon lui "une longue période de paix et de stabilité et écarte tout risque de révolution".

Le père Tchapline s'était signalé le mois dernier en suggérant d'envoyer à l'armée les militants de l'opposition "pour en faire des hommes".

De son côté le père spirituel du patriarche, l'archimandrite Ilya, a qualifié les manifestations de "provocation de gens qui cherchent à créer des troubles en Russie".

Il a aussi laissé entendre que les manifestants étaient payés, reprenant une accusation lancée avant lui par Vladimir Poutine.

Cependant, d'autres prêtres orthodoxes ont réagi de manière très différente sur les blogs et les réseaux sociaux.

"Dire que les manifestants sont payés par l'Occident et par ceux qui veulent organiser une révolution est très injuste. Les gens protestent pour des raisons morales", a estimé un prêtre de Moscou, Alexeï Ouminski, sur le site "L'Orthodoxie et le monde". L'Eglise doit se faire entendre "pour soutenir la recherche de la vérité et le refus de vivre dans le mensonge", a-t-il ajouté.

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