La tuberculose est une cause majeure de mortalité dans le monde. Pourtant, on en parle peu. A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre cette infection, qui a lieu samedi, le Dr Francis Varaine, directeur du groupe de travail sur la tuberculose à Médecins Sans frontières, déplore le manque de recherche pour le diagnostic et le traitement d’une maladie toujours plus résistante.
Quelle est l’ampleur de l’épidémie ?
Un tiers de la population mondiale est infecté, mais tout le monde ne développe pas la maladie. Neuf millions de nouveaux cas et 1,5 million de décès sont recensés chaque année, surtout dans les pays pauvres ou intermédiaires (Asie, Afrique). En France, on compte 5 000 cas par an.
Pourquoi en parle-t-on si peu ?
La tuberculose est la deuxième cause de mortalité par maladie infectieuse dans le monde après le sida. Pour le VIH, virus complexe mais qui touche aussi les pays riches, de nombreux antirétroviraux ont été développés en vingt ans. La tuberculose, elle, est perçue comme un mal du XIXe siècle. Une maladie de la pauvreté dont les facteurs de risque sont la promiscuité, la malnutrition… Ce qui n’incite pas l’industrie pharmaceutique à investir.
N’y a-t-il pas de traitement efficace ?
La technique de diagnostic la plus répandue (microscopie du crachat) a été mise au point il y a cent cinquante ans et permet de diagnostiquer moins de la moitié des cas. Elle ne fonctionne notamment pas chez l’enfant. L’antibiotique le plus efficace – la rifampicine –a été développé dans les années 1960 et les cas de tuberculose multirésistante augmentent (cinq millions de nouveaux cas entre 2000 et 2010). Ils nécessitent des traitements longs (environ deux ans), très lourds, coûteux et peu efficaces. Quant au vaccin (BCG), il date de 1920. S’il protège les enfants contre les formes graves de la maladie, il est très peu efficace chez l’adulte.