Des manifestations étaient organisées ce mardi dans toute l'Egypte pour protester contre la volonté supposée du président Morsi de mettre la main sur tous les pouvoirs. Pour Pierre Vermeren, spécialiste de la région et auteur de Idées reçues sur le monde arabe (ed. le cavalier bleu) la situation économique de l'Egypte renforce la contestation.
Quelle est l'origine de la contestation à laquelle doit faire face Mohamed Morsi ?
On assiste aujourd'hui à une cristallisation des oppositions, à la fois pour des raisons économiques et politiques. Des manifestations sont organisées dans beaucoup de villes, y compris dans certaines où ce n'était pas le cas habituellement. Et le paradoxe, c'est que les Frères musulmans, traditionnellement intégrés à l'opposition, manifestent désormais pour soutenir le président.
Cette contestation risque-t-elle d'aboutir à une nouvelle révolution ?
Je ne pense pas, car nous sommes encore dans un régime provisoire, dans un processus revolutionnaire. De plus, Morsi a déja reculé en faisant des concessions. Et l'armée reste en embuscade.
Les accusations de "coup de force" proférées contre le président Morsi sont-elles fondées ?
Si les Frères Musulmans mettent la main sur tous les pouvoirs avec la présidence, le gouvernement, le Parlement et la justice, on peut considérer que le risque de durcissement serait réel. Mais face à la forte opposition à laquelle il est confronté, Morsi va être amené à reculer.
Plus généralement, Mohamed Morsi a-t-il déçu ?
La population n'attendait pas de miracles, mais l'économie reste dans un état catastrophique. Le tourisme et les investissements ne son toujours pas revenus. L'Egypte est confrontée à une situation de pauvreté de masse extrême, l'élastique de la société est tendu au maximum. Les Frères musulmans peuvent ainsi être destabilisés, alors qu'ils pensaient au départ règner sans opposition. L'esprit révolutionnaire reste très fort dans le pays.
La situation actuelle peut-elle amener l'oppostition révolutionnaire à mieux se structurer ?
Mohamed el-Baradei (ancien président de l'Agence internationale de l'énergie atomique et candidat à la présidence, NDLR) espère jouer un rôle de fédérateur. Mais de fortes tensions subsistent entre les différenters composantes de l'opposition. Un front peut naître, mais il peut très vite voler en éclats.
Et sur DirectMatin.fr :
Manifestation massive au Caire contre le président islamiste