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Le pape François, l'évêque de Rome avant tout

Le pape François au balcon de la basilique Saint-Pierre le 13 mars 2013 à Rome [- / Osservatore Romano/AFP/Archives]
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"En nous disant qu'il est notre évêque, il nous annonce aussi son programme!": dans les paroisses de Rome, les premiers mots du pape François ont été perçus comme une volonté de relativiser le pouvoir pontifical pour revenir aux fondamentaux de l'Eglise.

"Evêque de Rome, c'est le titre le plus ancien porté par les papes, avant même celui de souverain pontife ou de Vicaire du Christ", a expliqué à l'AFP le père Luciano Masetti, recteur de l'Eglise San Marcello, située dans le centre historique de Rome.

Lorsqu'il s'est présenté au monde mercredi, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, le nouveau pape François a créé la surprise en se qualifiant exclusivement d'"Evêque de Rome", un terme qu'il a répété à plusieurs reprises sans jamais prononcer celui de pape. En lui rendant hommage, il a aussi qualifié son prédécesseur d'"évêque émérite Benoît XVI".

"Bien sûr ce n'est pas anodin, et il est probable qu'avec François, le titre d'évêque soit amené à prendre de l'importance et les autres à en perdre", s'enthousiasme le père Masetti. "Mais il faut aussi se méfier des réputations et des premières impressions car les papes se révèlent rarement conformes à ce qu'on en suppose au départ", nuance-t-il aussitôt.

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Le nouveau pape François, le 13 mars 2013 au balcon de la basilique Saint-Pierre
 

Selon les prêtres rencontrés dans diverses paroisses romaines, il ne faut pas attendre du nouveau pontife qu'il lâche du lest sur les questions de morale familiale par exemple. En revanche, il devrait se poser en défenseur des pauvres et des exclus, comme il l'a fait dans son diocèse de Buenos Aires (plus de 2,5 millions de fidèles).

"En se présentant comme l'évêque de Rome et en établissant aussitôt un dialogue simple et direct avec le peuple par un +Buonsasera+ et par des prières, le pape nous dit que l'Eglise n'est pas qu'une hiérarchie", explique à l'AFP le père François Bousquet, recteur de Saint-Louis de Français. "C'est un jésuite qui a l'esprit franciscain qui cumule les qualités des deux ordres, bon pasteur, intellectuel, doué pour la parole mais aussi simple, aimant la pauvreté, bref c'est un spécimen rare qu'ont trouvé les cardinaux", estime-t-il.

Pour certains ecclésiastiques romains, l'Eglise catholique selon François pourrait ressembler à un "Synode permanent", une assemblée d'échanges, de réflexions et de délibérations, plutôt qu'à une organisation centralisée et ramifiée.

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Le pape François au balcon de la basilique Saint-Pierre le 13 mars 2013 à RomeI
 

"On peut imaginer une fédération d'évêques et d'églises, éparpillées jusque dans les lieux les plus reculés, jusqu'au bout du monde selon l'expression de François lui-même, et qui concèdent à l'Evêque de Rome son rôle de guide", suggère le père Franco Azzalli, de la paroisse des Saints-Apôtres.

Pour accomplir cette tâche, "une structure légère, agile, suffira à l'Evêque de Rome plutôt qu'un lieu de pouvoir concentré dans les mains de quelques uns, ce qu'était devenue la Curie ces dernières décennies", ajoute le prêtre.

Pour le père André Cabes, de l'Eglise de la Trinité-des-Monts, la manière dont le nouveau pape s'est présenté témoigne de sa volonté "de se faire adopter comme quelqu'un qui entre dans une nouvelle famille".

"En choisissant son nom et en se présentant comme l'Evêque de Rome, il donne un peu la tonalité de son pontificat: reconstruire le visage de l'Eglise entaché par des scandales et évangéliser par la simplicité et l'humilité", résume-t-il.

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