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Mladic évacué de l'audience du TPIY

Une femme membre des "Mères de Srebrenica", à côté d'une photo de Ratko Mladic, le 11 octobre 2012 devant la CEDH, à Strasbourg [Frederick Florin / AFP/Archives] Une femme membre des "Mères de Srebrenica", à côté d'une photo de Ratko Mladic, le 11 octobre 2012 devant la CEDH, à Strasbourg [Frederick Florin / AFP/Archives]

L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic a été évacué mercredi de la salle d'audience après avoir contesté le témoignage d'un survivant du massacre de Srebrenica devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

Un peu plus d'une heure après le début de l'audience, M. Mladic, 71 ans, a d'abord marmonné puis s'est adressé directement en serbo-croate au témoin protégé "RM346", dont le visage avait été flouté et la voix déformée lors de l'audience.

Les propos de M. Mladic n'ayant pas été traduits par les interprètes, leur teneur exacte est restée peu claire et a fait l'objet de versions divergentes.

Le témoin a assuré que l'ancien général l'avait accusé d'avoir "inventé" tout son témoignage puis d'avoir proféré des insultes au moment de son évacuation, dont "allez baiser vos mères". L'avocat de l'accusé, Branko Lukic, s'est pour sa part limité à dire : "ce que j'ai compris, c'est qu'il lui avait dit (au témoin, ndlr) qu'il avait tout appris par coeur".

"Il est inutile de dire que ce genre de commentaires ne sont pas appropriés", a déclaré le juge Alphons Orie après avoir ordonné l'évacuation de M. Mladic. Il a pourtant indiqué ne pas avoir compris clairement ce qu'avait dit M. Mladic.

Une femme marche devant le portrait de Ratko Mladic, à Belgrade, le 21 décembre 2011 [Andrej Isakovic / AFP/Archives]
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Une femme marche devant le portrait de Ratko Mladic, à Belgrade, le 21 décembre 2011
 

L'accusé a été autorisé à revenir dans la salle d'audience dans l'après-midi une fois le témoignage de "RM346" terminé.

M. Mladic fait l'objet d'une surveillance vidéo particulière lors des audiences. Lors de l'ouverture de son procès en mai 2012, la veuve d'une victime de Srebenica, présente dans la galerie du public, a assuré qu'il l'avait regardée en faisant glisser son index sous sa gorge pour mimer une exécution.

Le témoignage de "RM346" marquait le début de la phase du procès consacrée spécifiquement au rôle présumé de M. Mladic dans le massacre de près de 8.000 hommes et garçons musulmans par les forces serbes de Bosnie à Srebrenica (est) en 1995, le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

"RM346" a raconté aux juges comment il avait été capturé par les hommes de Ratko Mladic alors qu'il tentait de fuir Srebrenica puis avait été emmené en bus avec d'autres musulmans vers un terrain où des cadavres avaient été empilés.

"Il y avait d'innombrables cadavres", a assuré le témoin, expliquant avoir survécu à un peloton d'exécution en prétendant être mort.

"Ils ont tiré une salve et je me suis laissé tomber", a-t-il expliqué : "un autre homme est tombé sur moi, je pouvais sentir son sang". "Il y avait des cadavres tout autour de moi, j'étais étendu sur le ventre", a-t-il ajouté. "Des morceaux de cerveau ont giclé".

Photo transmise par le TPIY de Ratko Mladic à son procès, le 9 juillet 2012 à La Haye [ / TPIY/AFP/Archives]
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Photo transmise par le TPIY de Ratko Mladic à son procès, le 9 juillet 2012 à La Haye
 

Il a également assuré qu'avant d'être emmené vers le lieu des exécutions, un des prisonniers avait été tué d'une balle dans la tête alors qu'ils avaient été rassemblés sur un terrain de football. "Mladic était présent mais n'a pas levé le petit doigt".

Quatre-vingt témoins ont été entendus dans le procès depuis son ouverture en mai 2012. L'accusation avait jusqu'à présent examiné de manière générale le rôle de M. Mladic dans la guerre de Bosnie, qui a fait plus de 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.

Il est accusé de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour avoir, selon l'accusation, entrepris le "nettoyage ethnique" d'une partie du territoire de la Bosnie en vue de créer un Etat serbe ethniquement pur. Après Srebrenica, l'accusation se penchera notamment sur le siège de Sarajevo, au cours duquel 10.000 civils avaient été tués.

L'enclave de Srebrenica, sous la protection de l'ONU, avait été prise le 11 juillet 1995 par l'armée des Serbes de Bosnie.

Dans les jours ayant suivi, les forces serbes de Bosnie avaient séparé les hommes et adolescents musulmans des femmes et les avaient emmenés dans des camions et des cars pour les exécuter. Leurs corps avaient été jetés dans des fosses communes.

Après avoir échappé pendant seize ans à la justice internationale, Ratko Mladic avait été arrêté le 26 mai 2011 en Serbie.

Selon son avocat, Ratko Mladic avait subi trois attaques cérébrales en 1996, 2008 et février 2011, et est hémiplégique. Il avait été soigné pour une pneumonie à l'automne 2011.

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