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Des milliers de personnes dans les rues contre l'élection de Maduro

Manifestation de partisans d'Henrique Capriles le 15avril 2013 à Caracas [Geraldo Caso / AFP] Manifestation de partisans d'Henrique Capriles le 15avril 2013 à Caracas [Geraldo Caso / AFP]

Des milliers de partisans de l'opposition sont descendus lundi dans les rues à Caracas pour protester contre la proclamation de Nicolas Maduro comme président, après une élection contestée par son adversaire Henrique Capriles.

A l'appel de M. Capriles, qui réclame un nouveau comptage des bulletins de vote, la plupart des manifestants ont manifesté dans plusieurs quartiers de la capitale, certains agitant des casseroles, d'autres allumant des feux de poubelles ou de pneus.

"Nous sommes là parce qu'ils nous ont volé le vote, ils ont triché", a lancé à l'AFP Selma Orjuela, une femme au foyer de 60 ans. "Fraudes, fraudes !", hurlait la foule, en brandissant des drapeaux vénézuéliens.

A certains endroits de la capitale, les policiers ont utilisé des tirs de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, a constaté l'AFP.

Face aux nouvelles manifestations convoquées mardi et mercredi devant les bureaux régionaux du Conseil national électoral (CNE), M. Maduro a réagi fermement en appelant à la mobilisation "à travers tout le pays". "J'appelle le peuple à combattre dans la paix", a-t-il annoncé, depuis le palais présidentiel de Miraflores, qualifiant de "caprices de bourgeois" la demande du chef de l'opposition.

Feu de poubelles allumé par des partisans de Henrique Capriles le 15 avril 2013 à Caracas [Geraldo Caso / AFP]
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Feu de poubelles allumé par des partisans de Henrique Capriles le 15 avril 2013 à Caracas
 

M. Maduro, 50 ans, dauphin du défunt président Hugo Chavez a été officiellement crédité de 50,75% des voix, contre 48,97% pour M. Capriles lors du scrutin, organisé à la suite de la mort du charismatique dirigeant socialiste, emporté par un cancer le 5 mars dernier.

Proclamé président dans l'après-midi, le chef d'Etat élu a promis, la main sur le coeur, de "poursuivre pleinement son héritage pour la défense des pauvres et la défense de l'indépendance" lors d'une cérémonie solennelle au siège de l'autorité électorale à Caracas. "Nous avons un président !" ou encore "Chavez vit, la lutte continue", a scandé l'assistance.

La présidente du CNE Tibisay Lucena a rappelé à l'opposition qu'elle devait "utiliser la voie légale", citant le cas du duel serré entre Georges W. Bush et Al Gore, lors de la présidentielle américaine de 2000, dont l'issue s'était décidée devant la Cour suprême.

Nicolas Maduro le 15 avril 2013 à Caracax [Juan Barreto / AFP]
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Nicolas Maduro le 15 avril 2013 à Caracax
 

Gouverneur de l'Etat de Miranda (nord), M. Capriles, qui qualifie le président élu d'"illégitime", a appelé ses partisans à ne "pas tomber dans le piège de la violence".

Toutefois, les manifestation de l'opposition ont été qualifiées comme un forme de coup d'Etat déguisée par le camp gouvernemental.

"Ce qui se cache derrière les paroles d'aujourd'hui, M. Capriles, c'est une convocation à un putsch contre l'Etat, les institutions", a lancé Jorge Rodriguez, le chef de campagne de M. Maduro, un terme repris par le président élu qui a promis une "main dure contre les putchistes". La demande d'un nouveau comptage par l'opposition a été soutenue lundi par la Maison Blanche, dont le porte-parole a estimé qu'il s'agirait d'une étape "importante, prudente et nécessaire". Idem pour José Miguel Insulza, secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), qui s'est prononcé en faveur d'un "dialogue national".

La mission d'observateurs envoyés par l'Union de nations sud-américaines (Unasur) au Venezuela a, quant à elle, demandé que soient "respectés les résultats" émanant du CNE, "unique autorité compétente" en matière électorale.

Forces de l'ordre et partisans de Capriles face à face le 15 avril 2013 à Caracas [Leo Ramirez / AFP]
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Forces de l'ordre et partisans de Capriles face à face le 15 avril 2013 à Caracas
 

"C'est une situation très délicate. La marge est tellement étroite dans un pays qui est extrêmement divisé que cela va être difficile à digérer politiquement. Il est clairement divisé en deux", a dit à l'AFP le politologue Ignacio Avalos.

Dans ce contexte, le nouveau président peut aussi redouter la convocation d'un référendum révocatoire dans les trois ans. Il suffit à ses détracteurs de réunir 20% de l'électorat sur une motion de défiance pour pouvoir organiser ce vote.

"Beaucoup de personnes ont retourné leur veste, des sales types sans aucune reconnaissance. Ils disent qu'ils sont dans la révolution, mais ce sont des mensonges", pestait lundi Elisabeth Torres, 48 ans, dans le quartier du "23 de enero", un bastion "chaviste".

Pour de nombreux fidèles, l'élection de M. Maduro est garante du maintien des "missions" créées par le défunt dirigeant socialiste, des programmes sociaux financés par la manne pétrolière du Venezuela, détenteur des plus grandes réserves de brut du monde. Un engagement, qui s'annonce toutefois difficile à tenir dans une économie en crise avec une dette égale à la moitié du PIB et une inflation de plus de 20%, un record en Amérique latine.

Dans le sillage des alliés traditionnels du Venezuela, le Brésil a félicité M. Maduro, après Cuba, dont le régime bénéficie de l'envoi de barils de pétrole, l'Argentine, l'Equateur, la Bolivie, ainsi que le Chili pourtant dirigé par un gouvernement conservateur.

D'autres dirigeants aux relations conflictuelles avec les Etats-Unis, le président russe Vladimir Poutine et celui du Belarus Alexandre Loukachenko, ont exprimé leur félicitations.

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