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Grève au Tribunal pour les Khmers rouges faute de salaires

Une Cambodgienne face à des portraits des victimes des Khmers Rouges le 4 juin 2013 à Phnom Penh [Tang Chhin Sothy / AFP/Archives] Une Cambodgienne face à des portraits des victimes des Khmers Rouges le 4 juin 2013 à Phnom Penh [Tang Chhin Sothy / AFP/Archives]

Une centaine d'employés du Tribunal pour les Khmers rouges au Cambodge se sont mis en grève dimanche pour obtenir le paiement des salaires qui ne sont plus versés depuis juin, les donateurs internationaux rechignant à renflouer les caisses vides.

Les 250 collaborateurs cambodgiens du tribunal, y compris des juges et procureurs, mais également traducteurs, interprètes et chauffeurs, ne sont plus payés depuis juin en raison de problèmes financiers, malgré l'appel urgent du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon aux bailleurs pour combler le budget d'une instance dont la survie même est en question.

Le personnel a officiellement confirmé qu'il ne reprendrait pas le travail jusqu'à ce que la question des salaires soit résolue, a confirmé à l'AFP Neth Pheaktra, porte-parole du tribunal, rappelant que, sans eux, tout était bloqué.

Le tribunal, financé essentiellement par le Japon, l'Union européenne et l'Australie, a besoin d'urgence d'environ 3 millions de dollars pour couvrir les coûts d'exploitation jusqu'à la fin de cette année.

Pour Heather Ryan, observatrice pour l'organisation Open Society Justice Initiative, la grève pourrait être "un désastre" pour le tribunal, puisque la suspension des audiences intervient à un moment crucial dans les procès en cours.

"Le tribunal ne peut fonctionner sans personnel cambodgien - en particulier les traducteurs, les interprètes, les juges et l'accusation", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Ce n'est pas la première fois que le tribunal, mis en place en 2006 pour juger les responsables des crimes commis par le régime des Khmers rouges ayant fait près de 2 millions de morts à la fin des années 1970, est à court d'argent.

En mars, les employés cambodgiens du tribunal s'étaient déjà mis en grève, paralysant les audiences pendant deux semaines.

"Ce tribunal a connu d'importantes réussites, en jugeant les crimes brutaux commis par le régime des Khmers rouges. Néanmoins, aujourd'hui, ce tribunal est en crise", avait estimé mercredi Ban Ki-moon.

"La survie même de ce tribunal est désormais en question", avait-il ajouté.

Les appels à accélérer les procédures pour les deux derniers accusés se sont multipliés. Cette situation est le résultat d'un bras-de-fer financier entre bailleurs et le gouvernement de Hun Sen, un ex-Khmer rouge devenu Premier ministre en 1985, accusé de ne rien faire pour sauver l'institution de la débâcle.

La juridiction n'a prononcé qu'un seul jugement définitif depuis son entrée en vigueur en 2006, une réclusion à perpétuité pour "Douch", l'ex-directeur de la prison de Phnom Penh et responsable de 15.000 morts.

Aujourd'hui, la cour ne juge plus que l'ancien idéologue du régime Nuon Chea et le chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique", Khieu Samphan.

Les deux plus hauts responsables du régime encore vivants, tous deux octogénaires, sont accusés de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

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