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Grèce : des milliers de personnes manifestent contre le fascisme

Manifestation contre le fascisme devant le Parlement, à Athènes, le 25 septembre 2013 [Aris Messinis / AFP] Manifestation contre le fascisme devant le Parlement, à Athènes, le 25 septembre 2013 [Aris Messinis / AFP]

Des milliers de personnes ont manifesté mercredi dans les rues d'Athènes et ailleurs en Grèce, appelant à briser "le monstre du fascisme" incarné par le parti Aube dorée dont un membre a avoué le meurtre d'un musicien antifasciste, provoquant un sursaut fébrile du gouvernement.

Ce drame qui a bouleversé l'opinion publique a conduit à une mobilisation commune des partis de gauche, dont le Syriza et le Pasok, et des syndicats, une première depuis l'entrée au parlement du parti néonazi Aube dorée en juin 2012.

La manifestation "d'ampleur nationale" à laquelle ils ont appelé a débuté en fin d'après-midi dans le centre d'Athènes et rassemblait 10.000 personnes, selon la police, dans deux cortèges distincts qui se sont retrouvés face au parlement.

Sept mille d'entre elles ont pris la direction des locaux du parti néonazi, quelques kilomètres plus au nord, a ajouté la police.

"Pavlos vit, brisez les nazis !", proclamait la banderole de l'association Keerfa, pilier de la lutte antiraciste et longtemps isolée dans sa dénonciation des violences xénophobes régulièrement imputées aux sympathisants d'Aube dorée.

Pavlos Fyssas, 34 ans, un musicien antifasciste, avait été poignardé à mort mercredi dernier dans une banlieue de l'ouest d'Athènes par un camionneur, membre d'Aube dorée, un meurtre qui a consterné la Grèce.

Manifestation contre le fascisme, le 24 septembre 2013 à Athènes, en Grèce [Louisa Gouliamaki / AFP]
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Manifestation contre le fascisme, le 24 septembre 2013 à Athènes, en Grèce
 

Le réseau d'associations contre le racisme Diktyo a chiffré à 300, dans un communiqué, le nombre des cas d'agressions racistes recensés par l'association en Grèce depuis octobre 2011.

Outre la capitale, des manifestations antifascistes ont lieu dans une dizaine de villes, dont Salonique, deuxième ville de Grèce. Le syndicat communiste Pame avait ouvert le bal vers midi en rassemblant à Athènes environ 3.000 personnes, dont des enseignants en grève.

La plupart des quotidiens de centre gauche consacraient mercredi leur une à l'appel à manifester et à dire "Non au fascisme" dans un pays où le souvenir de la junte des colonels entre 1967 et 1974 reste très vif.

Entre une banderole appelant à "faire disparaître le monstre du fascisme" ou à "démolir l'Etat et les nazis", les slogans de l'époque de la junte figuraient d'ailleurs en bonne place dans les cortèges, tels "le peuple n'oublie pas, il pend les fascistes".

"Ca suffit avec Aube Dorée. On exige la fermeture de tous ses bureaux, dans chaque ville, dans chaque village. Qu'ils aillent vraiment en prison, et pas seulement ceux qui sont directement impliqués, mais l'ensemble de cette organisation" réclamait Takis Yanopoulos, un manifestant.

Enquêtes dans les commissariats

Accusée par la presse de passivité, voire de complaisance, face aux agissements des néonazis, la police grecque multiplie désormais les opérations contre Aube dorée.

Mardi soir, elle a arrêté un policier chargé de la protection d'un député de ce parti, après la découverte dans des locaux d'Aube dorée à Agrinio (centre) d'objets et de cartouches de chasse lui appartenant.

En début de semaine, plusieurs hauts gradés de la police ont démissionné ou été suspendus parce qu'ils n'avaient pas enquêté sur la présence d'armes dans des locaux d'Aube dorée.

Photo datant du 24 juin 2012 de Pavlos Fyssas, musicien antifasciste assassiné par un camionneur qui a avoué ses orientations néonazies [Alexandros Theodoridis / AFP/Archives]
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Photo datant du 24 juin 2012 de Pavlos Fyssas, musicien antifasciste assassiné par un camionneur qui a avoué ses orientations néonazies
 

Enquêtes dans les commissariats

Une enquête a également été ordonnée dans trois commissariats de la banlieue sud-ouest de la capitale, soupçonnés d'avoir toléré des violences orchestrées par ce parti.

"En réalité, il n'y a pas de nettoyage de la police, laquelle, depuis des années, fait copain-copain avec Aube Dorée ! Le fait que symboliquement, quelques policiers ont été écartés, pour nous ça ne veut rien dire", estimait Takis Yanopoulos dans la manifestation.

Aube dorée, qui surfe sur la grave crise économique en Grèce, a fait son entrée au parlement en juin 2012 avec 18 députés, sur les 300 que compte la chambre.

Depuis la mort du chanteur, la presse multiplie les révélations sur le fonctionnement paramilitaire du parti, ses liens présumés avec la police et les témoignages anonymes d'anciens membres du parti décrivent la stricte hiérarchie d'un mouvement où les actions violentes sont décidées au plus haut niveau.

Le parti a vigoureusement contesté toute implication dans le meurtre, se disant victime d'une campagne de dénigrement.

"Comment voulez-vous que je sois Al Capone, payant des criminels dans tous les coins de la Grèce ?", a réagi sur internet Nikos Michaloliakos, le leader d'Aube dorée, qui menace de porter plainte contre tous les partis politiques grecs.

 

 

 

 

 

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