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Luxembourg: vers une coalition à trois sans Juncker

Jean-Claude Juncker, le 20 octobre 2013 à Luxembourg [Georges Gobet / AFP] Jean-Claude Juncker, le 20 octobre 2013 à Luxembourg [Georges Gobet / AFP]

Le Luxembourg se dirigeait lundi soir, au lendemain des élections législatives, vers l'éviction du pouvoir des chrétiens sociaux de Jean-Claude Juncker au profit d'une coalition inédite réunissant libéraux, socialistes et Verts.

Les deux chefs des libéraux (DP) et des socialistes (LSAP) ont annoncé dans la soirée que leurs instances dirigeantes avaient donné "mandat" pour l'ouverture de négociations afin de former une telle coalition de gouvernement.

Les discussions doivent débuter mardi après-midi.

A eux trois, libéraux, socialistes et Verts ont obtenu dimanche 32 députés, soit plus que la majorité des 60 sièges à la chambre.

Premier ministre depuis près de 19 ans, M. Juncker a remis lundi matin sa démission au Grand-Duc Henri. Le chef de l'État doit recevoir mardi les chefs des différents partis. Il désignera ensuite une personnalité chargée de former le prochain gouvernement.

En attendant, le gouvernement sortant reste en place et expédie les affaires courantes.

Des citoyens suisses se dirigent vers des bureaux de vote, le 20 octobre 2013 à Luxembourg [Georges Gobet / AFP]
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Des citoyens suisses se dirigent vers des bureaux de vote, le 20 octobre 2013 à Luxembourg

Dimanche soir, M. Juncker qui, à près de 59 ans, est le doyen des dirigeants européens, avait revendiqué le rôle de formateur, en soulignant que le parti chrétien social (CSV) était "le parti le plus important".

Mais ce rôle lui est clairement contesté par les libéraux. "Le CSV est le perdant. Une majorité de 32 députés est une majorité parlementaire, et c'est ce qui compte", a déclaré le chef du DP, Xavier Bette, qui pourrait à 40 ans devenir le prochain Premier ministre.

Le CSV a obtenu dimanche 33,7% des suffrages, en recul de plus de 4 points, et 23 sièges, soit trois de moins.

Il reste loin devant les libéraux (DP), qui sont cependant les grands vainqueurs du scrutin, avec un gain de plus de 3 points et quatre sièges. Ils ont obtenu 13 députés. Les socialistes (LSAP) sont parvenus à conserver leurs 13 sièges malgré une érosion en voix. Les Verts ont obtenu six sièges (-1).

Une autre politique

Une coalition à trois contre le CSV, évoquée avec insistance depuis des semaines, serait un coup de tonnerre dans le ciel politique luxembourgeois.

Infographie présentant le nouveau Parlement luxembourgeois après les élections législatives anticipées de dimanche  [ / AFP]
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Infographie présentant le nouveau Parlement luxembourgeois après les élections législatives anticipées de dimanche

Les chrétiens sociaux sont au pouvoir sans interruption depuis 1944, sauf entre 1974 et 1979, où les libéraux avaient déjà fait alliance avec les socialistes. M. Juncker est au gouvernement depuis 30 ans, et Premier ministre depuis près de 19 ans, ce qui l'a longtemps fait considérer comme "inoxydable".

Mais "il faut une autre politique pour sortir le pays de la crise", a affirmé M. Bettel lundi soir. Il a souligné qu'il dirigeait la ville de Luxembourg avec les Verts depuis deux ans et que "cela se passe bien". Il s'est dit convaincu que cela "se passera bien aussi" avec les socialistes.

"Nous avons discuté au cours de la journée avec les deux partis et nous nous sommes rendu compte que nous avions le plus de points en commun avec ces deux partis", a déclaré le chef de file de ces derniers, Étienne Schneider, ministre sortant de l'Économie, cité par le site du Luxemburger Wort.

Candidat déclaré au poste de Premier ministre pendant la campagne, M. Schneider a semblé renoncer à ses ambitions. "Le DP a remporté ces élections. Pour nous, le plus important ce ne sont pas les questions personnelles mais le programme. En l’état actuel des choses, nous ne revendiquons pas le poste de Premier ministre", a-t-il dit.

Un homme marche devant des panneaux électoraux à Luxembourg, le 20 octobre 2013 [Georges Gobet / AFP]
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Un homme marche devant des panneaux électoraux à Luxembourg, le 20 octobre 2013

Deux autres options restent possibles. La première serait une coalition de droite entre les chrétiens sociaux et les libéraux, comme entre 1999 et 2004. L'autre serait la reconduction pour cinq ans supplémentaires de l'alliance traditionnelle de centre gauche entre le CSV et les socialistes. Mais ce sont eux qui avaient lâché M. Juncker cet été en mettant en cause sa responsabilité dans un scandale du service de renseignement.

"C'est ma dernière apparition comme Premier ministre. Les trois autres vont former un gouvernement", a lancé M. Juncker lundi sur un mode ironique lors de l'inauguration du nouveau siège d'une banque, selon des participants.

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