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Erdogan et Barzani au chevet du processus de paix kurde

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan (d) et le leader des kurdes d'Irak, Massoud Barzani, discutent le 16 novembre 2013  dans la ville turque de Diyarbakir [Mehmet Engin / AFP] Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan (d) et le leader des kurdes d'Irak, Massoud Barzani, discutent le 16 novembre 2013 dans la ville turque de Diyarbakir [Mehmet Engin / AFP]

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le dirigeant des Kurdes d'Irak Massoud Barzani ont tenté samedi de raviver le processus de paix moribond entre Ankara et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), lors d'une rencontre inédite à Diyarbakir (sud-est).

Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes réunies dans la "capitale" kurde de Turquie, M. Erdogan a exhorté ses "frères" kurdes à soutenir ses efforts pour mettre un terme au conflit qui a fait plus de 45.000 morts depuis 1984.

"Le processus de paix se développera avec le soutien de mes frères de Diyarbakir", a lancé le chef du gouvernement. "Le Turc et le Kurde ne doivent plus se déchirer, ils ne se déchireront plus", a-t-il promis, assurant qu'il n'y avait "pas de place pour la discrimination dans la nouvelle Turquie".

Devant la foule qui agitait des drapeaux kurdes, turcs et aux couleurs du Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan, son hôte Massoud Barzani a lancé le même appel à la paix et à la réconciliation.

"Je veux dire à mes frères kurdes et turcs que nous soutenons le processus de paix de toutes nos forces", a déclaré le président de la région autonome kurde d'Irak. "Les jours où le sang d'un jeune Turc était versés par un jeune Kurde ou le sang d'un jeune Kurde par un jeune Turc sont révolus", a-t-il assuré.

Après avoir assisté à une cérémonie de mariages collectifs, MM. Erdogan et Barzani doivent se retrouver en fin d'après-midi pour un entretien très attendu.

Comme il l'a lui-même souligné avant sa visite, le Premier ministre turc souhaite profiter de l'aura de son hôte auprès des 12 à 15 millions de Kurdes de Turquie pour relancer les pourparlers engagés il y a un an avec le chef historique du PKK Abdullah Öcalan, qui aujourd'hui patinent.

Critiques

Recep Tayyip Erdogan (c), Massoud Barzani (2e à gauche) et le chanteur kurde Sivan Perwer (3è à droite) saluent le public le 16 novembre 2013 dans la ville turque de Diyarbakir, au sud-est du pays [Mehmet Engin / AFP]
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Recep Tayyip Erdogan (c), Massoud Barzani (2e à gauche) et le chanteur kurde Sivan Perwer (3è à droite) saluent le public le 16 novembre 2013 dans la ville turque de Diyarbakir, au sud-est du pays
 

Le PKK a décrété un cessez-le-feu en mars puis entamé deux mois plus tard le retrait de ses combattants du sol turc vers leurs bases du nord de l'Irak. En retour, M. Erdogan a fait des gestes fin septembre, en autorisant le droit à l'enseignement privé en kurde, mais est resté loin des revendications kurdes en matière d'autonomie ou d'identité.

Le processus de paix paraît donc plus que jamais menacé. Signe de cette tension, l'armée turque a rapporté qu'un de ses convois avait été attaqué vendredi par des rebelles du PKK dans le district de Nusaybin, le premier accrochage sérieux depuis des mois.

Malgré son ton très consensuel, la visite très médiatisée de M. Barzani a été accueillie avec circonspection par les Kurdes.

Certains dirigeants locaux du Parti kurde pour la paix et la démocratie (BDP) ont dénoncé une manoeuvre politique du pouvoir avant le scrutin municipal de mars 2014. Quelques centaines de ses membres ont manifesté samedi derrière une banderole ironique: "Barzani, tu vas être candidat de l'AKP à Diyarbakir ?"

Les deux dirigeants doivent aussi profiter de leur rencontre pour évoquer la situation des Kurdes de Syrie.

La décision du Parti de l'union démocratique (PYD), présenté comme la branche syrienne du PKK, de créer une administration autonome dans les territoires du nord de la Syrie dont ses combattants ont repris le contrôle aux jihadistes hostiles au régime de Damas suscite l'inquiétude, tant à Ankara qu'a Erbil.

Le président turc Abdullah Gül a dénoncé vendredi ce "fait accompli". M. Barzani, cité par la chaîne de télévision CNN-Türk, a lui aussi exprimé sa "préoccupation".

Enfin, MM. Erdogan et Barzani doivent aussi évoquer samedi le renforcement de leurs liens économiques dans le secteur de l'énergie.

Les contrats pétroliers passés par Ankara avec Erbil ont fortement contrarié l'Irak, qui dispute à la région autonome kurde le droit d'exploiter et de vendre son pétrole comme elle l'entend. En plein effort de réconciliation avec Bagdad, la Turquie lui a proposé sa médiation pour résoudre ce conflit.

 

 

 

 

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