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Espagne: un premier geste attendu de l'ETA vers un désarmement

Des manifestants réclament que des prisonniers appartenant au groupe armé ETA soient rapatriés au Pays basque, le 7 décembre 2013 à Durango [Rafa Rivas / AFP/Archives] Des manifestants réclament que des prisonniers appartenant au groupe armé ETA soient rapatriés au Pays basque, le 7 décembre 2013 à Durango [Rafa Rivas / AFP/Archives]

L'ETA devrait annoncer vendredi un premier geste en vue de son désarmement: une nouvelle étape, après l'abandon de la violence, vers la fin du groupe séparatiste basque, que pourrait transmettre un groupe d'experts étrangers en visite dans la région.

La Commission internationale de vérification du cessez-le-feu, créée en 2011 et non reconnue par Madrid, arrivée jeudi au Pays Basque, devait rencontrer vendredi les partis politiques basques ainsi que la presse à Bilbao, pour transmettre un message "très significatif" en vue de consolider la paix.

En clair, l'ETA, qui a annoncé le 20 octobre 2011 mettre fin définitivement à la violence, devrait faire savoir pour la première fois, par l'intermédiaire de cette commission, qu'il est disposé à faire un geste sur la voie du désarmement.

Mais la portée de l'annonce, qui pourrait se matérialiser par des informations sur ses caches d'armes, reste une inconnue.

Le président basque Iñigo Urkullu, un nationaliste conservateur du PNV, a espéré vendredi, avant sa rencontre avec les experts, que cette journée permettrait de "constater" que l'organisatation séparatiste se prépare à un "désarmement complet".

L'ETA, dont il ne resterait plus qu'une trentaine de militants en liberté, a toujours refusé jusqu'à présent d'envisager un désarmement tant que ne seraient pas prises en compte certaines de ses revendications, dont le rapprochement au Pays Basque de ses militants emprisonnés.

Le gouvernement de droite espagnol, de son côté, ne cesse de réclamer la dissolution sans conditions du groupe.

L'Espagne rejette toute négociation avec "une organisation terroriste", a répété jeudi, à Paris, le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz.

Il a estimé que "tout pas qui va dans le sens d'une dissolution est positif", mais que "les mises en scène sont superflues", réclamant "des faits parfaitement vérifiables par les forces de sécurité".

- Un geste 'significatif' -

Derrière ce blocage apparent, les lignes ont pourtant bougé au Pays Basque: les partis de la gauche indépendantiste ont gagné en influence, devenant depuis 2012 la deuxième force politique régionale. L'ETA, très affaiblie, a parallèlement multiplié les messages depuis son dernier attentat sur le sol espagnol, en août 2009.

Un nouveau message est venu le 28 décembre du collectif EPPK, représentant plus de 500 détenus du groupe dispersés dans les prisons espagnoles et françaises.

Très attendu, le texte entérinait l'abandon de la violence et évoquait, pour la première fois, de possibles démarches individuelles en vue d'une libération, ne mentionnant plus la demande d'une amnistie collective, une revendication historique de l'ETA.

Cette annonce avait été largement interprétée comme un assouplissement de la position du groupe, classé organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, rendu responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans d'attentats pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre.

D'autres signaux sont venus parallèlement de la société basque: le 11 janvier, une manifestation a réuni plus de 100.000 personnes à Bilbao, convoquée conjointement, malgré leurs divergences, par la gauche indépendantiste et par le PNV, en riposte à l'interdiction par la justice espagnole d'une autre manifestation pour la défense des prisonniers.

Le 7 février, dans un nouveau communiqué, l'ETA prenait acte de ces "avancées" et annonçait qu'il ferait, "dans un bref délai", un geste "significatif".

"Ce sont des petits pas, et je pense que nous verrons ce vendredi un autre petit pas, peut-être plus important", relevait le journaliste Gorka Landaburu, spécialiste de la question basque.

Créée en septembre 2011, peu avant l'annonce historique de l'ETA, la commission de vérification, présidée par le Sri-lankais Ram Manikkalingam, est compsée d'experts en conflits dont l'ex-ministre sud-africain des services secrets Ronnie Kasrils ou Chris Maccabe, qui a participé au processus de paix en Irlande du Nord.

Début 2013, des contacts établis en Norvège avec des membres de l'ETA avaient tourné court, dans un contexte de blocage total. Mais après une pause de plusieurs mois, la commission semble avoir renoué des contacts, hors d'Espagne, avec des militants du groupe dans la clandestinité, qui ont abouti à cette visite.

"On ne parlera pas encore de dissolution", souligne Gorka Landaburu. "Il y a toujours le problème des prisonniers. C'est pour cela qu'il n'y a pas de dissolution directe, qui viendra avec le temps".

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