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Orphelins de Chavez, les Vénézuéliens en attendent plus de Maduro

Des opposants au gouvernement vénézuélien du président Nicolas Maduro, lors d'une manifestation à Caracas le 2 mars 2014 [Leo Ramirez / AFP] Des opposants au gouvernement vénézuélien du président Nicolas Maduro, lors d'une manifestation à Caracas le 2 mars 2014 [Leo Ramirez / AFP]

Face à face dans la rue, les manifestants pro et anti gouvernement au Venezuela s'opposent sur l'aptitude du président Nicolas Maduro à résoudre les difficultés économiques du pays, mais tous semblent se rejoindre autour d'un constat: Hugo Chavez, décédé il y a un an, aurait probablement fait mieux.

Un an après le décès du charismatique président Hugo Chavez, dont les 14 années de pouvoir ont creusé les clivages au sein de la société vénézuélienne, "pro" et "anti" gouvernement se démènent pour défendre leur camp alors que la situation économique du pays se dégrade.

Depuis un mois, sous l'impulsion des étudiants, des manifestations visent chaque jour le gouvernement de Nicolas Maduro, accusé de mauvaise gestion. Elu en avril 2013, l'héritier politique de Hugo Chavez répond quasi-systématiquement en convoquant ses partisans dans la rue.

"Pendant cette année sans Chavez, cela va de mal en pis avec l'insécurité, les pénuries, l'inflation, les problèmes avec les devises. Cela peut-il être pire?", s'interroge Anabella, une avocate de 44 ans, en énumérant les maux dénoncés par ce mouvement soutenu par l'opposition.

"Cela fait trois mois que je ne trouve pas de papier toilette, je dois utiliser des serviettes. Qui profite de tout cela, dites moi?", proteste Lucy Oliveira, une publicitaire de 40 ans, en marge d'un rassemblement dans l'est de Caracas, où se trouvent les quartiers les plus aisés.

"Chavez est mort depuis un an, mais il est encore présent dans mon coeur. Même si Maduro n'est pas et ne sera jamais Chavez, il a poursuivi le legs de notre commandant (...) Le plus important est que la révolution continue", semble répondre Angel Huice, gardien de 54 ans tout de rouge vêtu, dans le cortège d'une manifestation "chaviste".

"Sans la révolution il n'y a pas de vie, sans la révolution nous serions de nouveau exclus", poursuit-il en référence aux nombreux programmes sociaux financés par la rente pétrolière instaurée par Hugo Chavez.

- "Au moins Chavez avait un projet" -

La garde d'honneur présidentielle vénézuélienne portant le cercueil du président Hugo Chavez à Caracas le 15 mars 2013 [Marcelo Garcia / Présidence/AFP/Archives]
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La garde d'honneur présidentielle vénézuélienne portant le cercueil du président Hugo Chavez à Caracas le 15 mars 2013

Divisés quant à la capacité de M. Maduro à sortir le pays de l'ornière, ces Vénézuéliens semblent toutefois s'accorder sur un point : Hugo Chavez aurait probablement fait mieux que cet ancien chauffeur de bus venu à la politique par le syndicalisme.

Assis sur un trottoir après avoir affronté les forces de l'ordre à coups de pierres sur la Placa Altamira, foyer de nombreux heurts en février, Daniel Iglesias, 22 ans étudiant en journalisme, reprend son souffle.

"Nous n'avons été bien ni avec Chavez ni avec Maduro, mais au moins Chavez avait un projet", concède-t-il.

A quelques mètres de là, un autre jeune de 20 ans au visage dissimulé monte la garde devant une barricade improvisée à l'aide de poubelles, pneus et planches de bois.

"Pour moi, Maduro est pire que Chavez, qui n'aurait pas laissé le pays plonger dans cette situation. Il avait du coeur pour le Venezuela".

Au moment où l'impatience gagne les rangs des protestataires, les militants chavistes appellent à l'indulgence pour l'ex-ministre des Affaires étrangères, bombardé en quelques mois à la tête de ce pays de 30 millions d'habitants.

- "Il apprend à être président" -

En pleine marche pro-gouvernement, l'étudiant Whitnyson Colmenares avoue faire une confiance aveugle dans le choix du président défunt.

"Ce qui se passe, c'est que nous nous sommes habitués à Chavez, mais il faut laisser du temps au président. Je suis sûr qu'il va y arriver, sinon le commandant ne lui aurait pas laissé la main", assure-t-il.

"Il apprend à être président. Qu'il le fasse bien ou mal, Maduro est pour la révolution et pour cela il faut le suivre. Ce qui m'importe c'est que la révolution soit au pouvoir", insiste-t-il.

De son côté, Justina Aliendre, qui tient une échoppe dans le quartier du 23 janvier, un bastion chaviste, regrette que la vie quotidienne des Vénézuéliens se soit dégradée et qu'il faille désormais "faire la queue pour tout".

Quant à Maduro, déclare-t-elle, "il tente d'imiter (Chavez), mais il n'a pas" son charisme.

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