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Brésil: opération militaire dans un complexe de favelas de Rio

Des paramilitaires brésiliens patrouillent lors d'une opération dans un bidonville de Rio, le 13 mars 2014 [Christophe Simon / AFP/Archives] Des paramilitaires brésiliens patrouillent lors d'une opération dans un bidonville de Rio, le 13 mars 2014 [Christophe Simon / AFP/Archives]

A 73 jours du Mondial, des militaires brésiliens sont entrés mercredi avec la police d'élite dans l'immense complexe de favelas de la Maré, près de l'aéroport international de Rio, en vue de l'occupation prochaine de cette zone considérée comme stratégique.

Selon les forces de sécurité, l'opération vise à mieux connaître les lieux et sera suivie d'un échange d'informations avec la police de Rio en vue de l'occupation définitive de cet ensemble de 16 favelas contrôlées par des factions rivales de trafiquants et des miliciens.

Le capitaine Rafael Medeiros, du 1er Bataillon du génie et de combat, a indiqué à la presse que le but était également de rechercher des armes dissimulées par les trafiquants. Selon les services de renseignement, ces derniers ayant quitté la zone après l'annonce lundi de la prochaine occupation pourraient revenir pour les récupérer.

- Soldats désarmés -

Les militaires, accompagnés d'une centaine d'éléments de la police d'élite (Bope), doivent patrouiller sur un total de 141.000 m2 au cours de la journée, dans les zones sensibles où se trouvent 3.500 domiciles. Les policiers qui travaillent dans ces favelas où vivent 130.000 personnes ont établi une carte montrant les zones de conflit entre factions rivales de trafiquants de drogue.

Comme l'armée n'a pas le droit d'entrer dans les maisons, ce sont les policiers du Bope qui négocient leur entrée avec les habitants.

Les soldats sont "désarmés" pour qu'il n'y ait pas d'interférences avec les détecteurs de métaux MD8 qu'ils utilisent pour localiser les armes des trafiquants, a précisé le capitaine Medeiros. "Ces équipements importés peuvent localiser un clou, une aiguille enterrée à une profondeur de 30 cm", a-t-il souligné.

Les six écoles municipales de la zone, qui abritent 3.000 élèves, sont restées fermées par mesure de sécurité.L'opération est prévue pour durer toute la journée.

Les autorités ont officiellement annoncé que l'occupation définitive du Complexo da Maré aurait lieu "début avril". Mais le quotidien O Dia affirmait mercredi qu'elle avait été programmée pour "dimanche à l'aube".

- Territoire des trafiquants -

L’armée brésilienne a été appelée à renforcer le dispositif sécuritaire dans la ville à moins de trois mois du Mondial de football et après une vague d'attaques du crime organisé contre la police.

De nombreuses favelas auparavant sous le joug de trafiquants de drogue ou de milices ont été occupées par la police, qui, à partir de 2008, a installé 38 Unités de police pacificatrice (UPP) dans 174 favelas.

Mais depuis janvier, huit policiers ont été tués dans des attaques attribuées au crime organisé, dont quatre membres d'UPP.

L'occupation à venir du Complexo da Maré "est un pas décisif dans notre politique de sécurité", a récemment commenté Sergio Cabral, le gouverneur de Rio, une des 12 villes hôtes du Mondial (12 juin-13 juillet) et qui accueillera notamment la finale.

Les militaires occuperont la zone pour une durée indéterminée. Ensuite, la police de Rio doit y installer une 39e UPP avec 1.500 policiers de proximité.

Cette occupation devrait être similaire à celle du Complexo do Alemao fin 2010, qui avait mobilisé 2.600 parachutistes, fusiliers marins, membres des forces d'élite de la police et policiers militaires, appuyés par des blindés et des hélicoptères, une envergure jamais vue.

"On ne pense pas au Mondial, on pense (...) aux policiers lâchement assassinés (...) Nous allons montrer que l'Etat de Rio est plus fort et que l'Etat brésilien est plus fort", s'est il y a peu exclamé le secrétaire à la sécurité de Rio, José Mariano Beltrame.

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