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Une convention annuelle morose pour les clowns

Des clowns lors de la conférence annuelle de l'Association mondiale des clowns, le 28 mars 2014 à Northbrook  près de Chicago [Derek R. Henkle / AFP] Des clowns lors de la conférence annuelle de l'Association mondiale des clowns, le 28 mars 2014 à Northbrook près de Chicago [Derek R. Henkle / AFP]

"Il n'y a plus beaucoup de clowns à plein temps aujourd'hui", se lamente la présidente de l'Association mondiale des clowns, réunie en conférence annuelle près de Chicago, aux Etats-Unis: même pour ces professionnels du rire, c'est la crise.

Environ 230 clowns venus des Etats-Unis, de Suède ou même d'Inde se sont retrouvés cette semaine pour célébrer leur histoire, apprendre de nouveaux tours et surtout encourager la prochaine génération à mettre un nez rouge et enfiler des chaussures trop grandes.

Mais la relève se fait attendre, conséquence d'une économie fragile.

"Quand les grandes entreprises qui embauchaient 12 clowns chaque année depuis 10 ans pour leurs fêtes de Noël doivent réduire leurs dépenses, devinez quoi? Ils embauchent moins de clowns", dit Deanna Hartmier, la présidente de la World Clown Association, elle-même clown depuis 18 ans.

Le clown Barry Lubin lors de la  conférence annuelle de l'Association mondiale des clowns  le 28 mars 2014 à Northbrook près de Chicago [Derek R. Henkle / AFP]
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Le clown Barry Lubin lors de la conférence annuelle de l'Association mondiale des clowns le 28 mars 2014 à Northbrook près de Chicago
 

L'association compte officiellement plus de 2.500 membres, mais elle a perdu 30% de ses effectifs depuis 2004. Ses membres vieillissent: la majorité a désormais plus de 40 ans.

Certains ont le double d'âge, comme cet Anglais de 81 ans, Arthur Pedlar. Il a commencé à faire le clown en 1938. Sous le nom de scène de Vercoe, il anime aujourd'hui des spectacles silencieux avec monocycle et instruments de musique pour des publics sourds, âgés ou handicapés.

Les jeunes préfèrent s'orienter vers le cirque et les acrobaties, plus à la mode, regrette-t-il. "Il y a une pénurie de clowns haut de gamme en Europe".

 

- Le clown thérapeutique -

 

Allie Alverez, 12 ans, est une petite protégée d'Arthur. Elle vient de Floride, et a commencé à faire la clown cette année, jugeant que "ce serait marrant de faire rire les gens", comme sa mère et sa grand-mère avant elle. Mais pas question d'en faire un emploi à plein temps. "Je ferai ça le week-end", dit-elle.

La Japonaise Yurie Hioki  Northbrook lors de la conférence annuelle de l'Association mondiale des clowns, le 28 mars 2014 à Northbrook  près de Chicago [Derek R. Henkle / AFP]
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La Japonaise Yurie Hioki Northbrook lors de la conférence annuelle de l'Association mondiale des clowns, le 28 mars 2014 à Northbrook près de Chicago
 

La convention annuelle est aussi l'occasion pour les clowns de se former, d'apprendre de nouvelles techniques, car beaucoup sont clowns à temps partiel, voire bénévoles, et ont appris sur le tas, venus du monde du stand-up ou d'ailleurs.

Les ateliers incluent la peinture sur visage, la fabrication de ballons, le jonglage, l'usage d'instruments, la création de sketches. Des éléments indispensables pour garantir la qualité des spectacles. La pire menace contre la profession, explique la présidente de l'association, est posée par ces clowns amateurs qui se contentent de mettre un nez rouge.

"Les gens pensent qu'il suffit de mettre un costume de clown pour être un clown", dit-elle. "C'est comme si on disait qu'il suffisait d'un uniforme de pompier pour être un pompier. Ce sont les clowns sans formation qui ont des maquillages effrayants, qui ne savent pas mettre les gens à l'aise et qui font peur aux enfants".

Le vieux clown Arthur ajoute qu'on ne s'improvise pas clown: "On ne peut pas apprendre à faire le clown. On peut enseigner des techniques, mais tant qu'ils n'arriveront pas à sentir le public et à interagir avec les gens, ils ne seront pas des clowns accomplis".

L'accomplissement ultime est de donner des prestations à visée thérapeutique, par exemple pour les personnes handicapées, avance Deanna Hartmier. Un groupe s'est d'ailleurs rendu pendant la convention dans une résidence pour personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer. "Le rire est le meilleur des médicaments", dit-elle. "Les clowns peuvent vraiment toucher certaines personnes de façon miraculeuse".

 

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