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Mali: Kidal aux mains des rebelles, appel présidentiel au cessez-le-feu

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 14 avril 2014 lors d'une visite à Dakar, au Sénégal [Mamadou Toure Behan / AFP/Archives] Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 14 avril 2014 lors d'une visite à Dakar, au Sénégal [Mamadou Toure Behan / AFP/Archives]

Le président malien a demandé mercredi soir "un cessez-le-feu immédiat" après de nouveaux combats qui ont opposé les forces régulières à des groupes armés à Kidal, ville du nord-est du Mali dont les rebelles affirment avoir s'être rendus maîtres.

Les rebelles touareg du MNLA ont également annoncé avoir pris le contrôle mercredi d'autres localités "d'où l'armée a fui, sans combats".

Déjà théâtre d'affrontements sanglants le week-end dernier, Kidal, situé à 1.500 km au nord-est de Bamako, est plus que jamais un défi pour l'Etat malien: dans ce fief du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, indépendantiste), il n'a jamais réussi à complètement reprendre pied, malgré l'offensive lancée en 2013 par l'armée française qui a permis de libérer le nord du Mali de l'emprise de groupes islamistes.

Des combats, d'abord qualifiés d'"opération de sécurisation" par l'armée malienne, ont éclaté mercredi matin, avant de tourner dans l'après-midi en défaveur de Bamako, en dépit d'appels de l'ONU à un cessez-le-feu immédiat.

"Nous contrôlons actuellement toute la ville de Kidal", a déclaré à l'AFP Mohamed Ag Rhissa, un chef du groupe rebelle, contacté par téléphone depuis Bamako. Mossa Ag Attaher, responsable de la communication du MNLA, a dénoncé "l'agression" lancée selon lui par l'armée malienne, désormais délogée de "l'ensemble (de ses) positions".

Une source militaire au sein de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a confirmé que "les groupes armés ont pris nettement le dessus sur les forces armées maliennes". Les camps militaires restent "sous contrôle de l'armée malienne", a-t-elle cependant précisé.

"La situation est calme ce soir à Kidal. Nous avons pris plusieurs villes d'où l'armée a fui, sans combats", a dit M. Ag Assarid, un responsable du MNLA, en citant "Anderamboukane, Ménaka, Aguelhoc, Tessalit, Anefis".

Cette information n'avait pu être immédiatement confirmée auprès d'aucune autre source en dehors des groupes armés.

Des soldats maliens patrouillent à Kidal, dans le nord du Mali, le 29 juillet 2013  [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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Des soldats maliens patrouillent à Kidal, dans le nord du Mali, le 29 juillet 2013

Dans un communiqué publié dans la soirée, le gouvernement a reconnu que les combats à Kidal ont tourné en défaveur des soldats maliens, qui ont tenté notamment de reprendre le gouvernorat de la ville tombé aux mains des groupes armés le 17 mai. Les forces maliennes ont pu reprendre "un temps le gouvernorat" mais, "affaiblies par des problèmes de coordination, de renseignement, (elles) ont dû se replier sous le feu nourri des groupes rebelles appuyés par les terroristes d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et de narcotrafiquants", a expliqué le porte-parole du gouvernement Mahamane Baby.

M. Baby a indiqué que "conformément au souhait du secrétaire général des Nations unies et au nom de la communauté internationale", le président Ibrahim Boubacar Keïta a demandé "un cessez-le-feu immédiat".

Il a par ailleurs fait état de "plusieurs blessés et des pertes en vie humaines" de part et d'autre dans les combats.

Moussa Ag Assarid du MNLA a de son côté affirmé que la coalition des groupes armés avait enregistré dans ses rangs "quatre morts et huit blessés". Selon lui, plusieurs soldats maliens ont été tués, blessés ou faits prisonniers.

"Il y a des prisonniers et des morts dans les rangs de l'armée malienne", a souligné la source onusienne. Une information confirmée par un autre groupe armé, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), qui a déclaré avoir pris part aux combats aux côtés du MNLA mais aussi du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA).

Ces combats font suite à des affrontements ayant fait le 17 mai à Kidal plus de 30 morts, selon les autorités maliennes, qui avaient annoncé dans la foulée l'envoi de 1.500 soldats sur place.

Ce regain de tension a obligé la France à décaler de "quelques semaines" la réorganisation de son dispositif militaire au Sahel.

Il a aussi amené Paris à muscler sa présence dans la région septentrionale du Mali. Une centaine de soldats français ont été envoyés en renfort dans la ville de Gao (au sud de Kidal), a annoncé mercredi l'armée française, qui a déjà envoyé une trentaine de soldats en renfort à Kidal.

- L'ONU réclame un cessez-le-feu -

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé mercredi "à la cessation immédiate des combats et à la mise en place d’un cessez-le-feu" à Kidal.

La tension est brusquement montée samedi dernier, à l'occasion de la première visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal. Selon les autorités maliennes, les combats avaient fait 36 morts, dont huit militaires.

D'après l'ONU et Bamako, six responsables de l'Etat et deux civils ont également été assassinés le même jour au gouvernorat de Kidal. Le MNLA a toutefois démenti avoir combattu aux côtés des jihadistes et avoir exécuté des otages.

Mardi, dans une déclaration unanime, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU avaient condamné les violences du week-end.

Le Mali a été traumatisé et divisé par une profonde crise politico-militaire de 18 mois, dont le départ a été une offensive lancée par le MNLA en janvier 2012, qui a conduit à l'occupation du nord par des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Un temps alliés aux combattants du MNLA, les islamistes les avaient ensuite supplantés.

Les jihadistes ont été chassés des grands centres urbains par l'intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 à l'initiative de Paris, et toujours en cours, mais ils y demeurent actifs et y commettent régulièrement des attaques meurtrières.

Le processus de dialogue entre Bamako et les groupes armés, amorcé par un accord signé à Ouagadougou en juin 2013, est au point mort, même si chaque camp affirme régulièrement demeurer ouvert aux discussions.

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