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Allemagne: succès de Merkel aux Européennes mais poussée du SPD et des anti-euro

La chancelière Angela Merkel dépose son bulletin dans l'urne pour les européennes, le 25 mai 2014 à Berlin  [John MacDougall / AFP] La chancelière Angela Merkel dépose son bulletin dans l'urne pour les européennes, le 25 mai 2014 à Berlin [John MacDougall / AFP]

Les conservateurs (CDU/CSU) de la chancelière Angela Merkel sont arrivés en tête des élections européennes en Allemagne dimanche, malgré une percée du parti anti-euro AFD et des sociaux démocrates du SPD, d'après des sondages à la sortie des bureaux de vote.

La victoire de Mme Merkel à la tête de la première économie européenne contrastait avec la déroute des socialistes du président François Hollande en France, deuxième plus grand pays de l'UE.

En dépit d'un effritement, après plus de huit ans au pouvoir, les conservateurs allemands, crédités de 35,6% des voix, comptaient près de 9 points d'avance sur leurs alliés et concurrents au sein du gouvernement de grande coalition, les sociaux-démocrates qui enregistraient une progression historique à 27,2% (+6,4 par rapport 2009), selon les derniers chiffres diffusés par la chaîne publique ZDF.

Le nouveau parti anti-euro AFD, créé au printemps 2013, partisan d'une dissolution de la monnaie unique européenne, réalise un score de 6,5% -conforme aux derniers sondages avant l'élection- qui lui permet de faire son entrée au Parlement européen.

"Nous avions un objectif et nous l'avons atteint: nous sommes la première force politique (...), nous avons clairement gagné. L'Allemagne a clairement voté pour l'Europe, cela confirme notre bonne politique pour l'Europe", s'est exclamé David Mac Allister, tête de liste des conservateurs pour l'Allemagne.

Malgré une légère baisse et les fortes progressions du SPD et de l'AFD, "Merkel a gagné", estimait aussi Jens Walther, politologue à l'université de Düsseldorf.

La seule dirigeante d'un grand pays européen à avoir survécu à la crise financière a encore "obtenu un très bon résultat si on le compare aux autres pays européens", a-t-il ajouté, estimant qu'elle bénéficiait de la grande popularité de son gouvernement, qui a voté depuis le début de l'année des réformes sociales comme l'introduction d'un salaire minimum à 8,50 euros de l'heure et une amélioration des retraites.

Cependant, Mme Merkel "aura des sentiments mêlés ce soir", estime Julian Rappold, expert en politique européenne à la DGAP, un centre de réflexion berlinois. "Elle peut être satisfaite des résultats allemands (...) mais il est clair qu'il y a de l'inquiétude au sujet de la hausse des partis d'extrême droite" et le vote en France, au Royaume-Uni ou en Grèce, notamment, "reflètent un mécontentement des électeurs avec la politique européenne menée jusqu'ici", estime-t-il.

En Allemagne, les réformes sociales et la bonne santé persistante de l'économie ont d'ailleurs encore plus profité aux sociaux-démocrates, qui enregistrent "leur plus forte hausse de l'après-guerre dans des élections nationales" en progressant de près de 7 points par rapport à 2009, a souligné M. Walther. Le score du SPD aux dernières élections européennes marquait cependant un point bas historique.

Selon le politologue, ce "résultat fantastique pour le SPD" pourrait aussi s'expliquer par un réflexe de préférence nationale, le candidat des sociaux démocrates pour la présidence de la Commission européenne Martin Schulz étant un Allemand. Ce dernier a d'ailleurs fait valoir cet argument pendant la campagne.

L'Allemagne, pays le plus peuplé de l'UE, envoie 96 députés au parlement européen sur 751.

Parmi eux, les députés eurosceptiques de l'AFD faisaient aussi figure de vainqueur dimanche soir. "L'AFD prend son essor, en tant que nouveau parti populaire en Allemagne", s'est félicité Bernd Lucke, porte-parole et tête de liste du parti, qui avait échoué de peu à envoyer des députés au Bundestag aux législatives de septembre. Le nouveau mouvement, classé à droite de la CDU/CSU pourrait gêner Angela Merkel à l'avenir.

Les Verts, en baisse d'environ un point par rapport à 2009, arrivaient en troisième position, à 10,8% des voix, juste devant la gauche radicale Die Linke, qui enregistre une poussée notable à 7,5%, contre 6,1% en 2009, toujours selon les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote diffusés par ZDF.

L'ancien allié libéral FDP dans le précédent gouvernement Merkel confirmait son effondrement constaté aux dernières législatives, quand il n'avait pas réussi à franchir la barre des 5% pour avoir des députés au parlement allemand. Le FDP était en effet donné dimanche soir à 3,1%, contre 11% aux européennes de 2009.

Dimanche soir, l'extrême droite allemande était créditée d'un député au Parlement européen, en profitant d'un système électoral à la proportionnelle pure. Le parti d'extrême droite NPD était en effet crédité de 1% des voix.

A 48,3%, la participation était en hausse de près de 5 points en Allemagne par rapport à 2009.

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