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Le carnage des talibans

L'armée a mis fin en fin d'après-midi à l'opération après sept heures de combats contre six assaillants envoyés par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP).

Des talibans ont attaqué hier une école militaire, tuant plus de 140 personnes, surtout des enfants. La menace islamiste pèse plus que jamais.

 

«Mon corps tremblait, j’ai vu la mort de si près…» Shahrukh Khan, 16 ans, assistait à une formation sur les choix de carrière quand son école de Peshawar, fréquentée par des enfants de militaires, a été infiltrée par des combattants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP). Plaqué au sol, faisant le mort, il a survécu à l’attaque la plus meurtrière de l’histoire du pays.

Les six terroristes,retrouvés morts après huit heures de combats contre les forces militaires, ont tué au final plus de 140 personnes, dont 132 enfants.

 

Un véritable massacre

Il était 10h30 (heure locale) lorsque six talibans déguisés en militaires, dont certains portaient des bombes sur eux, ont pris d’assaut l’école de Peshawar. Plus de 500 élèves, la plupart âgés de 10 à 20 ans, se trouvaient dans l’établissement. Selon les rescapés, les terroristes sont passés de classe en classe pour éliminer un maximum d’enfants. Le bilan aurait pu être encore plus lourd si l’armée n’était pas intervenue quelques minutes après les premiers tirs. Au bout de sept heures de combats, l’attaque a été stoppée, mais le bain de sang n’a pu être évité. «Ces enfants sont mes enfants, le pays est en deuil et je suis en deuil», a déclaré le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif.

Revendiqué par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), cet assaut a été présenté comme une réplique à l’opération militaire «Zarb-e-Azb» instaurée depuis juin contre les repaires du groupe armé. «Les chasseurs de l’armée bombardent […] nos femmes et nos enfants, a déclaré le porte-parole du TTP, Muhammad Khurasani. Leurs familles devront aussi pleurer leurs morts comme nous l’avons fait.» «Les talibans ont voulu faire un coup pour impressionner, estime Karim Pakzad, chercheur à l’Iris et spécialiste de la région. Mais l’armée ne va pas reculer, au contraire, sa réaction risque d’être proportionnée.»

 

Un problème récurrent

Ce drame peut trouver ses racines dans les relations ambiguës entre les autorités pakistanaises et les talibans. Au lendemain des attentats du 11 Septembre, le gouvernement avait décidé de les combattre après les avoir longtemps soutenus. Un combat entrecoupé au fil des années de plusieurs tentatives de paix qui ont favorisé la présence des talibans dans le pays.

Créé en 2007, le TTP a profité de cette instabilité pour tenter d’installer la charia dans le pays. Au-delà de sa vengeance contre l’armée, cette attaque contre l’école militaire apparaît également comme une atteinte plus globale au système éducatif, que les talibans rejettent, souhaitant notamment l’interdire aux jeunes filles. En 2011, 152 écoles ont ainsi été attaquées par les TTP. Sans compter les ministres de l’éducation, les professeurs ou les élèves visées. La plus célèbre étant Malala Yousafzai, qu’ils ont essayé d’assassiner en 2012.

 

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