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Benjamin Netanyahu l'indestructible

Benjamin Netanyahu l'indestructible.[AFP]

Adoré par les unes, abhorré par les autres, Benjamin Netanyahu fait l'unanimité sur un point: sa formidable faculté à affronter les éléments contraires, démontrée de manière éclatante aux élections parlementaires.

 

Les sondages prédisaient à M. Netanyahu des lendemains tellement difficiles, ses adversaires espéraient sa fin après six ans de pouvoir (neuf en comptant son premier mandat de 1996 à 1999) que certains commentateurs parlaient de son retour d'entre les morts après son triomphe.

Aux journalistes qui lui demandaient de plus en plus régulièrement à l'approche des élections si la défaite signifierait la fin de sa carrière, il répondait: "La retraite, ce n'est pas mon affaire. Mon affaire, c'est la victoire", d'un air de dire: attendez un peu pour voir.

Dans les derniers jours, ils ont vu de quel instinct de survie est animé l'animal même pas blessé, du moins en apparence. Devant les sondages défavorables, M. Netanyahu, 65 ans, n'a reculé devant aucun des moyens de la politique et de la rhétorique.

 

Omniprésent dans les médias

Il a accordé peut-être plus d'entretiens aux médias israéliens qu'au cours de tout son mandat. Lui qui avait commencé sa campagne par des vidéos humoristiques, qui  tournaient en dérision ses adversaires et les scandales autour du train de vie dans ses résidences ou les agissements privés de sa femme Sara, s'est transformé en augure des malheurs qui s'abattraient sur Israël si le travailliste Isaac Herzog et son alliée centriste Tzipi Livni l'emportaient.

 

L'Etat palestinien enterré

Devant l'une des colonies les plus contestées commencées sous sa direction, il a promis lundi un second "Hamastan" (après celui de la bande de Gaza) en Cisjordanie et aux portes de Jérusalem s'ils gagnaient. Il a brandi le spectre de la division d'Israël, l'arrêt de la colonisation, le retour aux frontières d'avant 1967... Ignorant la lourde hypothèque qu'il faisait peser sur les futures relations avec le grand allié américain et la communauté internationale, il est allé jusqu'à enterrer l'idée d'un Etat palestinien s'il restait au pouvoir. Personne ne croyait cependant vraiment qu'il l'avait acceptée un jour.

Le jour du vote, il est resté omniprésent sur le terrain, dans les médias et sur les réseaux sociaux, s'attirant une censure télévisuelle parce que la campagne avait pris fin la veille.

"Tout le monde sauf Bibi", son surnom, était devenu le cri de ralliement officieux de ses adversaires. Ce n'était pas pour déplaire à celui qui se délecte dans la confrontation et dont le slogan pourrait être: "C'est moi ou les autres".

Plus jeune Premier ministre d'Israël, M. Netanyahu paraît à présent appelé à atteindre les dix années de pouvoir. Seul David Ben Gourion, fondateur de l'Etat d'Israël, sera resté plus longtemps.

Cet homme costaud au visage lisse et à l'impeccable mèche argentée est une figure si dominante du quart de siècle que le quotidien Haaretz a essayé "d'imaginer la vie sans Netanyahu".

"Quand Israël aura perdu Bibi, il y aura sûrement des moments où il regrettera de ne plus avoir un leader de stature internationale, reconnu par tout le monde et qui - qu'on l'aime ou pas - fait que le reste du monde relève la tête et prête attention quand il prend la parole sur l'Iran ou un autre sujet", écrit-il.

 

"Bibi" en images

Quelques images rendent compte du personnage, professionnel des médias, jamais rebuté par l'hyperbole, prêt à jouer des coudes et aller "partout où on m'invitera (...) pour défendre l'avenir et l'existence" d'Israël.

Parmi elles, figure celle de M. Netanyahu à la tribune du Congrès américain le 3 mars, défiant la réprobation du président Barack Obama, pour dire tout le mal qu'il pense de l'accord en négociation sur le nucléaire iranien.

Ou celle de M. Netanyahu au premier rang des dirigeants du monde marchant contre le terrorisme le 11 janvier à Paris après les attentats. Ses appels aux juifs à rejoindre leur "foyer" en Israël ont outré Français et Européens.

Petit-fils de rabbin, fils d'un historien ultra-sioniste, ancien combattant des forces spéciales blessé au combat, marqué par la mort héroïque de son frère aîné lors du raid d'Entebbé (Ouganda) contre un commando pro-palestinien en 1976, M. Netanyahu ne cesse de pourfendre le "terrorisme international" et "l'extrémisme islamiste".

Mais le nouvel "Amalek" pour lui, l'ennemi mortel des Hébreux dans la Bible, c'est l'Iran.

La dissolution de sa coalition et la tenue d'élections anticipées étaient un pari. Il l'a gagné haut la main.

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