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En Bolivie, le pape dénonce le "génocide des chrétiens"

Le pape François et le président bolivien Evo Morales le 9 juillet lors de la IIème Rencontre mondiale des Mouvements populaires.

Le pape François a appelé jeudi en Bolivie, un des pays les plus pauvres d'Amérique latine, à un "changement réel" au niveau mondial qui mette "l'économie au service des peuples".

 

Lors de la IIème Rencontre mondiale des Mouvements populaires, où étaient rassemblées quelque 3.000 personnes à Santa Cruz, dont des représentants de mouvements sociaux de plusieurs pays, le souverain pontife a affirmé que "quand le capital dirige les choix des êtres humains et l'avidité pour l'argent régit les système socioéconomique", l'homme et la nature sont condamnés. "Disons-le sans peur: nous voulons un changement réel, un changement de structures", a clamé le pape au deuxième jour de sa visite en Bolivie.

"Reconnaissons-nous que les choses ne marchent pas bien dans un monde où il y a tant de paysans sans terre, tant de familles sans toit, de travailleurs sans droits, tant de personnes blessées dans leur dignité?" s'est notamment interrogé le pape devant un auditoire comprenant des représentants de travailleurs précaires, de paysans sans terre, d'indigènes, de migrants et des militants anti-mondialisation.

 

Environnement et chrétiens d'Orient

Lors de cette rencontre, dont la première édition s'était déroulée à Rome en 2014, le pape a également recommandé  de "prendre soin" et "défendre" la Mère Terre", "pillée, dévastée, bafouée impunément". Le souverain pontife avait également profité de la première étape de son voyage, en Equateur, pour lancer un appel pressant à ne plus "tourner le dos" à "notre mère la Terre"

Jeudi, François a aussi plaidé pour que cesse "le "génocide" contre les chrétiens au Moyen-Orient et ailleurs. "Aujourd'hui, nous voyons avec horreur comment au Moyen-Orient et ailleurs sont persécutés, torturés, beaucoup de frères chrétiens", a-t-il dénoncé. "Dans cette troisième guerre mondiale par morceaux que nous vivons, il y a une espèce de génocide en marche qui doit cesser", a-t-il ajouté.

 

La tentation de la caste

Le premier pape jésuite et latino-américain de l'histoire a également demandé "humblement pardon, non seulement pour les offenses de l'Eglise même, mais pour les crimes contre les peuples autochtones durant ce que l'on appelle la conquête de l'Amérique".

Auparavant, le pape dans une rencontre avec des prêtres, des religieux et des séminaristes, avait prévenu du danger de se convertir en une "caste", une élite déconnectée du peuple, mettant en garde ceux qui cessent d'être pasteurs pour devenir des "contremaîtres".

 

Danger de l'indifférence

Comme il l'avait fait auparavant en Equateur dans une rencontre avec des religieux, le pape argentin a mis ses interlocuteurs en garde contre le danger de tomber dans "l'indifférence ou de suivre les modes" sans "s'engager" dans la douleur des gens. "Il y a des prêtres qui ont honte de parler leur langue et oublient leur quechua, leur guarani, leur aymara, parce que maintenant ils parlent bien", a regretté le souverain pontife.

Réitérant son message d'intégration et de justice sociale dans une messe le matin à Santa Cruz face à un million de fidèles, le pape s'était par ailleurs insurgé, contre une culture du "rejet" qui "cherche à tout transformer en objet de consommation".

Marchandisation

"Jésus continue de nous dire sur cette place : cela suffit avec le rejet", a déclaré le souverain pontife, qui a dénoncé "la logique qui prétend s'imposer dans le monde d'aujourd'hui, une logique qui cherche à tout transformer en objet d'échange de consommation, qui rend tout négociable (...) en écartant tous ceux qui ne produisent pas".

Dans son homélie, prononcée devant des milliers d'indigènes boliviens de diverses ethnies, quechua, guarani, aymara, dont le président Evo Morales au premier rang, le souverain pontife a évoqué les oubliés et les exclus dans le monde, en particulier les femmes "qui portent sur leurs épaules des déceptions, des tristesses et des chagrins, une injustice qui semble ne pas avoir de fin". 

 

Attendu au Paraguay

Le pape de 78 ans, était arrivé mercredi à La Paz, ne passant que quatre heures dans la capitale bolivienne, perchée à 3.600 mètres d'altitude, avant de rejoindre Santa Cruz, capitale économique de Bolivie. Depuis le début de son périple, le message du pape François repose très largement sur l'intégration et la justice sociale. Dès son arrivée, il a rappelé la "dette" de l'Amérique latine, région la plus inégalitaire de la planète, envers "les plus fragiles et les plus vulnérables".

Mercredi, il a d'ailleurs salué les "pas importants" de la Bolivie, nation la plus pauvre d'Amérique du Sud, "pour inclure d'amples secteurs dans la vie économique, sociale et politique du pays". Avant de partir vendredi pour le Paraguay, où il concluera son voyage, le pape visitera la prison Palmasola, parmi les plus surpeuplées et violentes de Bolivie.

 

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