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Législation : les Etats-Unis prêts à déposer les armes ?

Aux Etats-Unis, la législation sur les armes est un sujet qui divise tout autant les citoyens que les candidats à la Maison Blanche. [Johnny Hanson/AP/SIPA]

La fusillade de Roseburg, le 1er octobre dernier, a ravivé la question du contrôle des armes à feu aux Etats-Unis. Un débat qui pourrait secouer la présidentielle.

 

C’est une triste "routine" à laquelle Barack Obama ne s’habitue pas. Le 1er octobre dernier, le président des Etats-Unis présentait une nouvelle fois ses condoléances après la mort de neuf personnes sur un campus de l’Oregon. La quarante-cinquième fusillade de ce type depuis le début de l’année. Un acte retentissant auquel s’ajoute tous les autres, isolés, comme ce garçon de 11 ans qui, ce week-end a tué sa voisine de 8 ans avec un fusil calibre 12.

Au total, plus de 33 000 personnes meurent chaque année par arme à feu aux Etats-Unis, soit presque autant que sur les routes, et mille fois plus que toutes les victimes américaines du terrorisme à travers le monde depuis dix ans. Un "mal américain" qui pourrait être très présent lors de la campagne présidentielle de 2016.

 

 

Lundi, la candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton a présenté toute une série de mesure visant à durcir la législation sur les armes. A la fois émue et en colère face à cette violence "épidémique et sans limite", la favorite des sondages s’est dite "déterminée à agir", "de toutes les façons possibles". Elle entend notamment étendre le processus de vérification des antécédents d’acheteurs d’armes et abroger les lois protégeant les fabricants et les marchands.

 

 
 
"Hillary Clinton possède une crédibilité sur le sujet car ça fait longtemps qu’elle a ces positions-là, explique Nicole Bacharan, auteure de ‘Les secrets de la Maison Blanche’ (Editions Perrin). Et elle dispose d’une certaine liberté de parole puisque les opposants farouches au contrôle des armes ne font de toute façon pas partie de son électorat." Mais à l’instar de Barack Obama, l’ancienne secrétaire d’Etat mène ce combat seule.
 
L’autre candidat démocrate, Bernie Sanders, a certes appelé à "une législation sensée", mais il reste persuadé que cela ne résoudra pas tous les problèmes, et a d’ailleurs voté à plusieurs reprises contre de nouveaux textes. Côté, Républicains, la situation est claire. Tous les candidats sont contre un durcissement de la législation. Pour Donald Trump, en tête des sondages, "les gens qui respectent la loi devraient pouvoir avoir les armes qu’ils veulent".
 
Déclarer le contraire serait, pour chaque candidat, se tirer une balle dans le pied. L’investiture républicaine et, au-delà, la Maison Blanche, ne peuvent être atteints qu’avec le soutien, de la National Rifle Association. Grand lobby américain des armes à feu, la NRA dispose d’un solide ancrage territorial et de techniques de lobbying qui font d’elle un acteur incontournable des élections.
 
 
Si la situation est si difficile à faire évoluer, c’est également à cause des fondations même du pays. Selon le deuxième amendement de la Constitution, tout citoyen américain a le droit de porter des armes. Ce principe, qui a fait des Etats-Unis le symbole de liberté qu’ils sont devenus, la population n’est pas encore décidée à le laisser derrière elle. Selon les estimations du Washington Post, les Etats-Unis comptent aujourd’hui plus d’armes à feu civiles en circulation que d’habitants.
 
"C’est une sorte d’héritage culturel, familial, estime Nicole Bacharan. Cela fait référence à la nature sauvage, à la méfiance envers l’Etat, à l’idée que l’individu se suffit à lui-même." Et paradoxalement, plus les tragédies s’enchaînent, plus l’attachement à cet amendement se renforce. Selon sondage de l'institut Pew Research réalisé fin 2014, davantage d’Américains soutiennent le droit au port d’armes (52%) que ceux prônant un contrôle (46%). Une première depuis vingt ans.

 

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