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Syrie : les rebelles en mauvaise posture, les déplacés bloqués à la frontière

Des jeunes filles après des bombardements aériens de l'armée dans la partie d'Alep tenue par les rebelles, le 8 février 2016 [Ameer al-Halbi / AFP] Des jeunes filles après des bombardements aériens de l'armée dans la partie d'Alep tenue par les rebelles, le 8 février 2016 [Ameer al-Halbi / AFP]

Les rebelles étaient pris en tenaille lundi par le régime, les forces kurdes et le groupe jihadiste Daesh dans le nord de la Syrie, où des dizaines de milliers de Syriens fuyant les violences étaient toujours bloqués près de la frontière turque.

Devant le flux des migrants vers l'Europe, notamment ceux venant de la Syrie en guerre, la chancelière allemande Angela Merkel, en visite en Turquie, et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu ont annoncé vouloir demander l'aide de l'Otan. Alors que la Turquie n'a pas encore donné son feu vert pour ouvrir faire entrer les déplacés, elle a dit redouter que les combats dans la province d'Alep (nord)ne provoquent un nouvel afflux de réfugiés pouvant atteindre jusqu'à 600.000 personnes à ses frontières.

Une semaine après le début de leur offensive appuyée par les raids de l'allié russe à Alep, les troupes de Bachar al-Assad se trouvaient pour la première fois depuis 2013 à une vingtaine de km de la frontière turque, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Elles ont progressé vers Tall Rifaat, un des trois derniers fiefs rebelles dans le nord de la province.Les insurgés sont désormais "pris en tenaille par l'armée qui progresse vers le nord, les forces kurdes qui avancent du côté ouest, et Daesh qui domine l'est", a expliqué le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane.

"L'armée progresse en rase campagne et coupe les lignes de communications des rebelles qui décrochent ensuite. La stratégie finale est de fermer la frontière turque pour priver les rebelles du soutien logistique", a dit le géographe spécialiste de la Syrie, Fabrice Balanche.

"Nous avons faim et froid"

"Nous estimons qu'il y a 31.000 nouveaux déplacés dont 80% de femmes et d'enfants", a affirmé Linda Tom, porte-parole de l'ONU pour les Affaires humanitaires, à propos des Syriens bloqués dans la localité syrienne de Bab al-Salama, près de la frontière turque après avoir fui l'offensive du régime et les raids russes.

Malgré les efforts des ONG qui ont tenté d'organiser leur arrivée dans des camps déjà installés dans la région, la situation des déplacés face au poste-frontière turc d'Oncupinar est très difficile. "Nous avons faim et froid. Les gens dorment dans la rue", a témoigné à l'AFP, Mohamad Rahma, 15 ans, l'un des rares réfugiés autorisés à franchir la frontière pour se faire soigner côté turc. "La situation est terrible", a renchéri un Turc, Necati Yildiz, dont la fille mariée à un Syrien est bloquée à Bab al-Salama, où des camions d'une ONG turque acheminent tous les jours vivres et médicaments aux déplacés.

En difficulté dans son pays pour y avoir autorisé l'accueil de plus d'un million de migrants en 2015, Mme Merkel a évoqué avec M. Davutoglu l'entrée en scène de l'OTAN pour mieux contrôler les côtes turques, d'où des centaines de personnes continuent chaque jour à arriver en Grèce. Lundi, un nouveau naufrage a tué 27 migrants au large de la Turquie.

Mais les responsables européens ont aussi demandé à la Turquie de laisser entrer les déplacés d'Alep, au regard du droit international, alors que ce pays abrite déjà 2,7 millions de Syriens. "Vous demandez à la Turquie de contenir le flux de réfugiés vers vos pays et maintenant vous nous appelez à ouvrir grand notre frontière aux réfugiés. Vous ne prenez pour des idiots ?" s'est emporté le vice-Premier ministre turc Alçin Akdogan. Quoiqu’il en soit, M. Davutoglu a prévenu que son pays ne supporterait pas à lui seul "tout le fardeau" de l'accueil des réfugiés syriens.

"Extermination"

Dans ce conflit très complexe déclenché par la répression de manifestations populaires proréformes, plus de 260.000 personnes ont péri depuis mars 2011 et plus de la moitié de la population a été chassée de chez elle. Après l'intervention militaire de la Russie fin septembre 2015 pour venir en aide au régime Assad, ce dernier a marqué de nombreux points en reprenant aux rebelles des localités dans plusieurs provinces.

Avant une conférence internationale jeudi à Munich consacrée au conflit syrien, les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, tous deux hostiles au régime Assad et à l'intervention russe, ont appelé à un cessez-le-feu et à un accès humanitaire en Syrie. La Russie a quant à elle critiqué le patron de l'ONU Ban Ki-moon, jugeant qu'il avait fait preuve de partialité en l'accusant d'avoir sapé les pourparlers entre régime et opposition la semaine dernière à Genève en raison de l'intensification de ses bombardements.

Enfin, les enquêteurs de l'ONU sur la Syrie ont accusé le régime d'"extermination" de détenus, assurant que ces "morts massives" de prisonniers étaient le résultat d'une "politique d’État", assimilée à un "crime contre l'humanité".

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