En direct
A suivre

87% des Vénézueliens n’ont plus assez d’argent pour acheter à manger

Le Venezuela est confronté à une triple crise économique, énergétique et politique, à laquelle s'ajoute une grave crise alimentaire qui pourrait mettre le feu aux poudres dans un pays au bord de l’explosion. [Manuel Trujillo / AFP]

Selon une étude portant sur les conditions de vie des Vénézuéliens, 87% de la population du pays déclare n'avoir pas assez d'argent pour acheter de la nourriture. 

L'étude, faite par trois établissements universitaires dont l'université Simon Bolivar de Caracas, a été établie sur la base de 1.488 entretiens menés dans 23 villes à travers tout le pays. Globalement, le régime alimentaire des Vénézuéliens est aujourd'hui qualifié «de survie» et est constitué principalement de farine, de maïs, de riz, de pâtes et de pain.

A lire aussi : Venezuela : le troc en ligne fait fureur dans un pays privé de tout

Concernant les graisses, les Vénézuéliens privilégient la margarine ou, s'ils le peuvent, la mayonnaise car le beurre est devenu hors de prix. Quant à la viande, elle constitue désormais un aliment de luxe et a été remplacée progressivement par des ersatz de type mortadelle. En outre, toujours selon cette étude, 12,1% de la population du Venezuela ne peut se permettre que deux repas par jour, au lieu de trois.

L'équivalent de 16 salaires minimums pour se nourrir correctement

À ces données déjà préoccupantes, le Centre de documentation et d'Analyses sociales du Venezuela ajoute que 72% des revenus des Vénézuéliens sont consacrés uniquement à la nourriture comme le relève le New York Times dans un article mis en ligne samedi 19 juin. Dans les faits, cet organisme qui dépend de la Fédération des professeurs vénézuéliens, constate qu'en avril dernier, une famille avait besoin de l'équivalent de 16 salaires minimums pour pouvoir se nourrir convenablement.

Aujourd'hui de 40 dollars par mois (environ 35 euros), après avoir été augmenté de 30% en mai par le président Maduro, l'inflation est telle que ce salaire minimum ne permet toujours pas d'assumer les besoins de base. Comme l'indique le quotidien américain, si l'on demande aujourd'hui à un Vénézuélien à quand remonte son dernier repas, beaucoup répondront «pas aujourd'hui». 

Le pays est confronté à une triple crise économique, énergétique et politique, qui trouve son origine dans la chute du cours du pétrole, principale manne financière du pays. Mais la crise alimentaire pourrait désormais mettre le feu aux poudres dans une société au bord de l’explosion. Face à la situation, Nicolas Maduro a promulgué le 16 mai dernier l'état d'exception, qui est censé, entre autres, garantir l'approvisionnement des denrées de base.

Le New York Times note toutefois que le rationnement a été confié à des «brigades gauchistes» loyales au pouvoir en place. «En d'autres termes, pour obtenir de la nourriture, il faut être leur 'ami' ou être un sympathisant», indique Roberto Briceno-Leon, directeur de l'Observatoire de la violence vénézuélienne, cité par le journal américain.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités