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Turquie : le pouvoir intensifie les purges après le putsch manqué

Police et armée déployées le 16 juillet 2016 à Istanbul [Bulent KILIC / AFP] 7.543 militaires et magistrats ont été placés en garde à vue. [Bulent KILIC / AFP]

Le pouvoir turc a encore intensifié lundi les purges après le putsch manqué contre le président Erdogan, limogeant des milliers de policiers, mais il a aussi promis de respecter le droit pour rassurer des partenaires étrangers inquiets d'une dérive répressive.

Un total de 7.543 militaires et magistrats placés en garde à vue, près de 9.000 policiers, gendarmes et fonctionnaires démis: l'ampleur du coup de balai est impressionnant. Le président turc avait donné le ton en promettant d'éliminer le "virus" factieux. Le Premier ministre turc Binali Yildirim a dénombré 6.038 militaires, 755 magistrats et 100 policiers parmi les suspects en garde à vue. La liste inclut 103 généraux et amiraux, dont deux meneurs présumés du putsch.

Respect du droit

Parmi les militaires arrêtés se trouvent, selon un responsable turc, deux pilotes qui avaient participé au mois de novembre à une opération pour abattre un bombardier russe à la frontière syrienne. Cet épisode avait provoqué une crise aigüe entre la Turquie et la Russie.

A l'issue d'un conseil des ministres à Ankara, M. Yildirim n'a laissé planer aucune ambiguïté. Les putschistes devront "rendre des comptes pour chaque goutte de sang versée", a-t-il lancé, révisant à la hausse le bilan humain de la tentative de coup d'Etat, qui a fait au moins 308 morts dont 100 mutins. Mais la purge se fera "dans le cadre du droit", a-t-il soutenu, en réponse à l'Union européenne et aux États-Unis, qui ont uni leurs voix lundi à Bruxelles pour sommer le régime turc de ne pas tomber dans l'arbitraire.

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"Nous appelons fermement le gouvernement de Turquie à maintenir le calme et la stabilité dans le pays" et de "respecter les institutions démocratiques de la nation et l'État de droit", a déclaré le secrétaire d'État américain John Kerry, à l'issue d'une réunion avec ses homologues de l'UE.

Des experts du Conseil de l'Europe ont condamné les arrestations en masse de juges dans le pays. "Arrestations et renvois en masse de juges ne sont pas un moyen acceptable pour restaurer la démocratie", a déclaré le président de ce groupe d'experts. L'ONU a affirmé que le respect de "droits fondamentaux" comme "la liberté d'expression" et la tenue de "procès en bonne et due forme" est crucial pour préserver la démocratie en Turquie.

L'ambassadeur de Turquie auprès des Nations-unies a réclamé le soutien de la communauté internationale. "La Turquie espère, souhaite recevoir du soutien, pas des conseils ou des critiques", a déclaré Yasar Halit Cevik à la presse.

Rétablissement de la peine de mort ?

L'UE, par la voix de sa représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a signifié à la Turquie qu'un rétablissement de la peine de mort - abolie en 2004 dans le cadre des négociations d'adhésion - lui fermerait la porte du bloc européen. Or Recep Tayyip Erdogan avait évoqué cette éventualité en s'adressant dimanche à une foule de partisans réclamant la tête des factieux. Et il a réitéré qu'il s'agissait d'une possibilité dans un entretien diffusé sur la chaîne américaine CNN lundi.

M. Yildirim a soufflé lundi le chaud et le froid, soulignant qu'en la matière il ne fallait pas se précipiter, mais que "la demande du peuple ne peut pas être ignorée".

La terminologie officielle s'est aussi durcie à l'encontre des rebelles, désormais qualifiés de "groupe terroriste" par le ministère des Affaires étrangères.

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