C’est la plus écrasante victoire du parti depuis sa création. Russie Unie, la formation politique de Vladimir Poutine, a remporté plus de 54% des suffrages aux élections législatives du 18 septembre, selon les résultats définitifs publiés ce lundi.
Un score qui lui permet d’accéder à 343 des 450 sièges de la Douma, contre 238 lors de la précédente législature. Pour Vladimir Poutine, c’est un plébiscite, et un encouragement supplémentaire à briguer en 2018 un quatrième mandat. C’est aussi la confirmation qu’il demeure l’homme fort du pays, incontournable à l’intérieur tout comme à l’étranger.
Un leadership incontesté
La victoire sans partage de Russie Unie sonne comme une validation populaire de la politique du Kremlin, et ce en dépit d’un contexte loin d’être idyllique. Le pays, en récession depuis dix-huit mois, fait en effet face à un climat économique morose, entre coupes budgétaires et pouvoir d’achat en berne.
Mais, pour les Russes, explique le spécialiste Pierre Lorrain, «ce n’est qu’une crise qui vient s’ajouter à d’autres crises, souvent beaucoup plus profondes». Pas de quoi remettre en question la légitimité de Vladimir Poutine, qui apparaît comme le garant de la sécurité intérieure et de la continuité politique.
Poutine peut désormais se préparer sereinement à briguer en 2018 un 4e mandat présidentiel > https://t.co/N8w7gJdECW pic.twitter.com/FYO1lQDlNn
— TV5MONDE (@TV5MONDE) 19 septembre 2016
C’est d’ailleurs ainsi que le président russe analyse sa victoire : «Compte tenu des difficultés […] les gens ont choisi la stabilité et font confiance au gouvernement», s’est-il ainsi félicité hier. Après plus de vingt ans d’une laborieuse transition vers une économie de marché, le pays ne s’est en effet apaisé que récemment, et cette accalmie est portée au crédit du pouvoir actuel.
D’autant qu’en plus de la stabilité interne, «Vladimir Poutine a rendu aux Russes l’un de leurs principaux motifs de fierté : compter dans le monde», souligne Pierre Lorrain. De fait, la position de Moscou comme acteur incontournable de la scène internationale s’est renforcée au cours des dernières années.
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Récemment, le rôle central de Vladimir Poutine dans la gestion de la crise syrienne en a fourni un exemple. Un double leadership, intérieur et extérieur, qui permet au président russe d’atteindre un taux de popularité avoisinant les 82 %.
Des opposants résignés
Le score mirobolant de Russie Unie aux dernières élections est toutefois tempéré par une abstention record. Seuls 47,7 % des électeurs se sont rendus aux urnes, ce qui correspond au plus faible taux de participation depuis la chute de l’Union soviétique. Une partie des Russes semble ainsi avoir boudé un scrutin qui leur paraissait joué d’avance.
«Ceux qui sont tentés de voter ailleurs ne vont pas voter», confirme Pierre Lorrain. Cette abstention a été très marquée dans les deux principales villes du pays, Moscou et Saint-Petersbourg, après une campagne morne dominée par les télévisions d’État, acquises au Kremlin.