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Syrie : comme un parfum de guerre froide

Le Russe Serguei Lavrov et l'Américain John Kerry, le 22 septembre 2016 à New York. Le Russe Serguei Lavrov et l'Américain John Kerry, le 22 septembre 2016 à New York.[Bryan R. Smith / AFP]

Alors que des pourparlers sur la Syrie avaient repris aux Nations Unies en début de semaine, les deux principaux acteurs internationaux du conflit, les États-Unis et la Russie, ont rompu leurs discussions lundi 3 octobre au soir, empêchant toute possibilité d’accord. 

Une situation si préoccupante que le Haut-commissaire aux droits de l’Homme a plaidé mardi pour une limitation du droit de veto des pays du Conseil de sécurité. Mais cette option semble peu réaliste, et Washington et Moscou gardent pour l’instant un pouvoir de blocage qui renvoie les observateurs aux heures les plus critiques de la guerre froide. 

De la méfiance à l’hostilité

Le secrétaire d’État américain John Kerry a eu beau assurer ce mardi 4 octobre que les États-Unis n’avaient «pas abandonné la poursuite de la paix», il n’a pas accepté pour autant de reprendre le dialogue avec Moscou.

À l’origine simple divergence d’intérêts, les États-Unis étant favorable à l’opposition syrienne, et la Russie au régime, mais les deux combattant Daesh, le rapport entre les deux puissances a pris ces derniers jours la forme d’une hostilité franche, réduisant à néant les espoirs d’armistice. 

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Un porte-parole de la Maison Blanche a indiqué être «à bout de patience» vis-à-vis du Kremlin, tandis qu’un autre négociateur a annoncé qu’il n’y avait «plus rien que les États-Unis et la Russie puissent se dire». 

À l’origine de la rupture, la destruction du principal hôpital d’Alep, quelques jours après la fin d’une trêve conclue en septembre. Washington et Moscou s’accusent mutuellement de l’échec de ce cessez-le-feu, déployant une rhétorique de plus en plus aggressive.

Signe de cette montée des tensions, la Russie a annoncé récemment la suspension d’un accord sur le recyclage du plutonium militaire, conclu avec les États-Unis en 2000 pour lutter contre la prolifération. 

Cette décision fait suite, selon Vladimir Poutine, à «des actions inamicales des États-Unis à l'égard de la Russie». En ligne de mire, les sanctions imposées dans le cadre de la crise ukrainienne, second terrain d’hostilités entre les deux nations. Une escalade qui ouvre de sombres perspectives.

Les Syriens pris en otage

Alors que les deux puissances campent sur leurs positions, la Syrie s’enfonce dans le chaos. Comme pendant les conflits de guerre froide, au Vietnam pour les États-Unis et en Afghanistan pour la Russie, les civils des pays concernés sont les premières victimes des affrontements. 

De violents combats se poursuivent notamment à Alep (nord), où les hôpitaux et les convois humanitaires sont régulièrement pris pour cible, anéantissant tout espoir d’améliorer le sort des habitants.

A lire aussi : Une petite syrienne raconte son quotidien à Alep sur Twitter

Depuis le début de la guerre, il y a cinq ans, entre 300 000 et 500 000 personnes ont été tuées, et plusieurs millions ont été obligées de fuir. Une hécatombe face à laquelle la communauté internationale, faute d’adopter une position commune, ne peut que constater son impuissance.      

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