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La résistance de Daesh à Mossoul devrait s'accroitre

Il y a "3.000 à 5.000 combattants" qui attendent les forces irakiennes dans Mossoul même, auxquels il faut ajouter "1.000 à 1.500/2.000 combattants" qui sont chargés de mener des actions dans les alentours de la ville.[AHMAD AL-RUBAYE / AFP]

Alors que la vaste opération lancée pour reprendre Mossoul à Daesh est entrée dans sa deuxième semaine, les ministres de la Défense de la coalition internationale se réunissent à Paris mardi pour faire le point sur cette offensive et examiner les divers scénarios envisageables pendant et après la reprise de la ville. 

Les responsables américains considèrent que l'offensive pour reprendre Mossoul à Daesh se déroule bien, mais préviennent que la résistance des jihadistes va s'accroître à mesure que les forces irakiennes s'approcheront de la ville. «Tous les objectifs ont été atteints jusqu'à présent», a déclaré sur Twitter Brett McGurk, l'émissaire du président américain Barack Obama auprès de la coalition internationale antijihadistes qui intervient en soutien aux forces irakiennes.

Treize ministres de la coalition (qui compte une soixantaine de pays), dont le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter, sont attendus à Paris pour ces entretiens, à la veille d'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan mercredi à Bruxelles. «On ne sait pas comment Daesh va réagir. Il y a différentes hypothèses, qui vont d'une tentative de fuite généralisée pour se disperser vers de nouveaux théâtres à une lutte à mort dans Mossoul pour infliger le maximum de pertes aux Irakiens et aux peshmergas kurdes", a déclaré une source dans l'entourage du ministre français Jean-Yves Le Drian.

Sur le terrain, les dizaines de milliers d'hommes mobilisés convergent à partir de différents fronts vers le fief de Daesh, où son chef Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé l'instauration d'un "califat" en juin 2014. En soutien à ces forces, la coalition internationale a mené "plus de frappes" aériennes depuis le lancement de l'opération sur Mossoul "que durant n'importe quelle semaine depuis le début de la guerre contre Daesh" en 2014, a déclaré M. McGurk.

En première ligne sur le front, les combattants kurdes (peshmergas) étaient positionnés dans la ville de Bachiqa, à environ 25 km de Mossoul. Au sud-est de Mossoul, des forces d'élite fédérales se battaient pour reconquérir la ville chrétienne de Qaraqosh. Dans la cité, elles ont essuyé des tirs de jihadistes pour le troisième jour consécutif

Echec de l'attaque sur Kirkouk

"Nous nous attendons à ce que la résistance augmente au fur et à mesure que l'on s'approche" de Mossoul, a prévenu un officier de l'état-major américain à Bagdad. Les stratèges américains estiment toutefois que pour l'instant, Daesh n'essaie pas de bloquer l'avancée des troupes irakiennes et des peshmergas et cherche juste à "infliger des pertes".

Daesh tente parallèlement de détourner les forces irakiennes de Mossoul. Son attaque surprise lancée vendredi à Kirkouk, à 170 kilomètres au sud-est de Mossoul, a été mise en échec et "la vie est retournée à la normale", a indiqué lundi le gouverneur de la province, Najmeddin Karin. Selon lui, 74 jihadistes ont été tués ainsi que 46 personnes, principalement des forces de sécurité.

Talus, tranchées et tunnels

La progression de ces derniers jours a donné un avant-goût des défenses préparées par Daesh : talus, tranchées remplies de pétrole, véhicules bourrés d'explosifs ou tunnels permettant aux jihadistes de revenir dans des positions que les forces irakiennes croyaient abandonnées pour prendre ces dernières à revers. Les jihadistes ont également percé les murs mitoyens des maisons pour pouvoir passer d'immeuble en immeuble sans avoir à sortir dans la rue.

"Ils ont très bien préparé leurs défenses", résume un officier américain. Celui-ci estime qu'il y a "3.000 à 5.000 combattants" qui attendent les forces irakiennes dans Mossoul même, auxquels il faut ajouter "1.000 à 1.500/2.000 combattants" qui sont chargés de mener des actions dans les alentours de la ville. Par ailleurs, selon l'entourage du ministre français de la Défense, "quelques centaines" de jihadistes sont arrivés de Syrie ces derniers jours pour renforcer les combattants de Daesh à Mossoul.

Pour les militaires américains, il ne fait pas de doute qu'une partie des jihadistes de Mossoul se battra jusqu'à la mort. Mais ils s'attendent à ce que d'autres tentent de fuir ou de se fondre dans la population. L'une des questions liées à l'offensive est le rôle joué par la Turquie. Celle-ci a affirmé dimanche avoir fourni un soutien militaire aux peshmergas à Bachiqa.

Mais Bagdad a démenti lundi "que la Turquie participe sous quelle forme que ce soit aux opérations". Par ailleurs, Human Rights Watch a appelé à l'ouverture d'une enquête sur les circonstances d'une frappe aérienne ayant provoqué vendredi la mort de 15 femmes dans une mosquée à Dakouk (nord). La Russie a désigné la coalition internationale, qui a démenti avoir mené ce raid.

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