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La semaine de Philippe Labro : un goodbye à Obama, un bonjour à 2017

Emotion, dignité et élégance ont marqué le discours d'adieu du président américain... A l'image de ses deux mandats. [Darren Hauck / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

Vendredi 13 janvier

Bonjour, et bonne année pour cette première chronique de 2017. Depuis le début du mois, de nombreuses vérités premières («Il pleut des vérités premières, tendons nos rouges tabliers», disait Courteline) ont été déjà dites, écrites, audio-diffusées et télévisées. Il me reste à les répertorier :

Vérité première n° 1 : «Ça ne peut pas être pire.» Pour qui a fait le bilan de 2016, on peut, en effet, espérer moins de morts, moins d’attentats, moins de chaos et de désordre dans le monde. 

Vérité première n° 2 : «2017, en France, sera l’année de la présidentielle.» Sans blague ? Pratiquement chaque matin, chaque soir, chaque jour, nous voyons et entendons hommes et femmes politiques débattre et argumenter. On peut craindre une saturation de la part de l’opinion publique. On peut également imaginer que les Français se passionneront quand arrivera le duel final.

Vérité première n° 3 : «Ce sera l’année des surprises.» Rien d’étonnant à cette nouvelle vérité : depuis le Brexit et Trump, tout le monde s’attend à d’autres coups de théâtre, sondeurs et experts se sont si souvent trompés dans le passé, il n’y a aucune raison pour que cela ne continue pas. Notre propre campagne présidentielle contient tous les éléments nécessaires pour quelques surprises, d’ici à mai prochain.

Vérité première n° 4 : Elle découle de toutes les précédentes. «En réalité, nous ne savons rien.» Mais nous savons que nous ne savons pas, ce qui nous distingue des autres espèces. Et, parce que nous ne savons rien, ou si peu de choses, il reste l’annonce des pièces, films, expositions, livres et rencontres sportives – ce fameux «Quoi de neuf ?» de la rentrée de janvier. Mais la majorité des Français se préoccupera, d’abord, de son pouvoir d’achat, de l’emploi à trouver ou à conserver, des débuts des enfants à l’école, du temps qu’il fait, de la sécurité et du tissu d’espoir et d’inquiétude qui constitue leur vie quotidienne. Le monde continuera-t-il d’édifier des murs ? L’amour est-il au coin de la rue, la mort au coin du bois ? Qui le sait ? Ni vous, ni moi.

Mercredi 11 janvier

Obama s’en va. Son discours d’adieu, dans la nuit de mardi à mercredi, à Chicago, aura été à la hauteur du personnage : élégant, articulé, émouvant, volontairement porteur de confiance et d’espoir. C’est un exceptionnel orateur. Je veux bien que les innombrables «juges» de la profession politique et médiatique (aux Etats-Unis comme en Europe, et particulièrement ici, en France, où l’on aime tant décortiquer et critiquer) nous assènent regrets, déceptions, repro­ches et bilans, ironie et dénigrement – je veux bien, mais je ne les partage pas.

Bien sûr, Obama n’a pas toujours répondu aux espoirs excessifs que le monde entier, à ses débuts, avait placés en lui. Un homme est un homme, et la politique, surtout au niveau de l’exercice d’une des plus hautes responsabilités du monde, réserve des pièges et suscite des erreurs de parcours – certaines (la «ligne rouge» de Syrie) pèsent lourd dans l’équilibre du monde. Personne n’est dupe des faiblesses d’Obama. Mais il demeure un modèle d’honnêteté, un quasi-miracle de charisme et d’humour, une personnalité respectable, ne fût-ce que dans son rôle de mari et de père. Le bilan est propre. Ni scandale, ni corruption, ni dégradation de l’image – au contraire, il a, entre autres, sauvé General Motors, éliminé Ben Laden, réduit le chômage, proposé un plan sensé d’assistance médicale et protégé l’environnement de son si beau pays. Farewell, Mister President, we will miss you. 

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