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Attaque de Khan Cheikhoun en Syrie : ce que l'on sait

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le bilan s'établirait à 72 morts dont 20 enfants. [Mohamed al-Bakour / AFP]

Un raid aérien a frappé mardi à l'aube Khan Cheikhoun, une petite ville contrôlée par des rebelles et des jihadistes dans la province d'Idleb dans le nord-ouest de la Syrie.

Des images du correspondant de l'AFP montrent des corps sans vie sur la chaussée, d'autres pris de spasmes et de crises de suffocation. Selon des médecins sur place, les symptômes relevés sur les patients sont similaires à ceux constatés sur des victimes d'une attaque chimique, notamment avec des pupilles dilatées, des convulsions et de la mousse sortant de la bouche. La nature du gaz toxique n'a pas encore été déterminée mais elle semble ne faire aucun doute : l'OMS a relevé des signes d'exposition à des «agents neurotoxiques».

Le bilan

Le nombre de victimes n'a cessé de s'aggraver au fil des heures : il s'établissait mercredi 5 avril au soir à 86 morts, dont trente enfants et vingt femmes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'OSDH a également fait état de plus de 160 blessés, de «personnes disparues».

Qui est responsable?

Le régime de Bachar al-Assad pour de nombreux dirigeants, notamment occidentaux. «Toutes les preuves que j'ai vues suggèrent que c'était le régime d'Assad (...) utilisant des armes illégales en toute connaissance de cause contre son propre peuple», a affirmé le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.

Le président français François Hollande a évoqué «la responsabilité» d'Assad dans ce «massacre», tandis que la Maison Blanche a dénoncé «acte odieux du régime» de Damas. La coalition nationale, importante composante de l'opposition, a mis en cause le «régime du criminel Bachar». Plus prudent, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déploré mercredi que «des crimes de guerres continuent» d'être commis en Syrie. Et l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a assuré que l'ONU chercherait à faire «rendre des comptes» aux auteurs de cette attaque.

Une résolution présentée par Washington, Paris et Londres condamnant l'attaque et appelant à une enquête rapide doit être soumise au vote du Conseil de sécurité mercredi.

Qu'en disent le régime et ses alliés?

L'armée syrienne a démenti «catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun». Mercredi, la Russie, alliée du régime, a affirmé que l'aviation syrienne avait bombardé la veille près de Khan Cheikhoun un «entrepôt» des rebelles où étaient entreposés des «substances toxiques» destinés à des combattants en Irak.

Armes chimiques en Syrie

En août 2013, le régime a été accusé d'avoir utilisé du gaz sarin dans une attaque contre deux secteurs rebelles en périphérie de Damas qui avait fait plus 1.400 morts, selon Washington. Le gouvernement a rejeté ces accusations et ratifié en 2013 la Convention sur l'interdiction des armes chimiques.

La Syrie est censée avoir détruit son arsenal chimique aux termes d'un accord américano-russe, mais le régime a été suspecté à plusieurs reprises d'avoir à nouveau utilisé des armes chimiques et mené des attaques au chlore. En octobre 2016, le Conseil de sécurité avait reçu un rapport concluant que l'armée syrienne avait mené une attaque à l'arme chimique, sans doute du chlore, à Qmenas, dans la province d'Idleb, le 16 mars 2015. 

Début mars, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a indiqué enquêter sur huit attaques présumées au gaz toxique commises en Syrie depuis le début de 2017. Le régime et la Russie ont à maintes reprises accusé des groupes armés rebelles ou jihadistes d'avoir utilisé des armes chimiques.

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