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«Assad pire qu'Hitler» : le porte-parole de la Maison Blanche s'excuse

Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a du revenir sur ses propos minimisant les crimes d'Hitler au regard de ceux d'al-Assad. [NICHOLAS KAMM / AFP]

Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a présenté ses excuses quelques heures après avoir estimé que le président syrien Bachar al-Assad avait fait «pire» qu'Adolf Hitler en utilisant des armes chimiques, une comparaison semblant minimiser les crimes du nazisme.

«En toute franchise, j'ai fait par erreur un commentaire inapproprié et manquant de sensibilité au sujet de l'Holocauste et il n'y a aucune comparaison», a déclaré Sean Spicer sur CNN, à l'origine d'une vive controverse à la mi-journée. «Pour cela, je présente mes excuses. C'était une erreur de faire cela». Lors de son point quotidien dans la salle de presse de la Maison Blanche, il avait déclaré : «Pendant la Seconde guerre mondiale, on n'a pas utilisé d'armes chimiques. Une personne aussi abjecte qu'Hitler n'est même pas tombée aussi bas que d'utiliser des armes chimiques».

«Merci de la clarification»

Appelé à préciser sa pensée par une journaliste quelques minutes après, il avait ajouté à propos des armes chimiques, dans une réponse sinueuse : «En ce qui concerne le gaz sarin, il (Hitler) n'a pas utilisé de gaz sur son propre peuple de la même façon qu'Assad (...) Je sais qu'il les a apportées dans les centres d'Holocauste. Mais je parle de la façon dont Assad les a utilisées, quand il est allé dans les villes et les a lâchées sur des innocents, au milieu des villes ... Merci de la clarification».

Accusé d'avoir paru oublier les millions de Juifs, allemands ou autres, tués dans les chambres à gaz, le porte-parole avait ensuite apporté une nouvelle clarification, déclarant hors podium : «Je n'ai aucunement tenté de minimiser la nature terrible de l'Holocauste. J'ai essayé de créer un contraste avec la tactique consistant à utiliser des avions pour larguer des armes chimiques sur des centres de population». «Toute attaque contre des innocents est répréhensible et inexcusable», avait-il dit.

Peu après, le ministre de la Défense Jim Mattis avait relevé que «même pendant la Seconde guerre mondiale, des armes chimiques n'ont pas été utilisées sur les champs de bataille». «Depuis la Première guerre mondiale, il y a une convention internationale à ce sujet», a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse.

«Fake news répugnante»

Associations juives et élus démocrates ont immédiatement dénoncé des propos antisémites ou révisionnistes. «Rien de moins que pendant la Pâque juive, Sean Spicer a nié l'Holocauste, la forme la plus répugnante de "fake news" possible, en niant qu'Hitler a gazé des millions de Juifs», a déclaré Steven Goldstein, directeur du centre Anne Frank aux Etats-Unis.

«Le principal porte-parole de la Maison Blanche minimise l'horreur de l'Holocauste», a dénoncé Nancy Pelosi, chef des démocrates de la Chambre des représentants. «Sean Spicer doit être licencié, et le président doit immédiatement désavouer les propos de son porte-parole». Les critiques portaient aussi sur le fait que M. Spicer, dans sa réponse embrouillée, ait dit «son propre peuple», paraissant faire une distinction entre Allemands et Juifs. «Hitler disait que les Juifs allemands n'étaient pas allemands afin de justifier ses atrocités», a rappelé l'élu démocrate Jerry Nadler sur Twitter.

«Le terme que vous cherchiez est camp de concentration», a aussi lancé le sénateur démocrate Ben Cardin, corrigeant apparemment le terme de «centre d'Holocauste» employé par M. Spicer. La comparaison avec Adolf Hitler risque aussi de brouiller la position de l'administration Trump qui, si elle réclame le départ d'Assad du pouvoir, maintient que l'ennemi premier reste Daesh.

Confusion au podium

La veille, Sean Spicer avait éludé lorsqu'un journaliste lui avait demandé si Donald Trump considérait Bachar al-Assad comme un criminel de guerre. «C'est aux tribunaux de décider», avait-il dit. Concernant l'usage d'armes chimiques, «Hitler a largement eu recours aux gaz dans les camps de concentration, mais il ne les a jamais utilisés contre des soldats ou des villes», dit à l'AFP le professeur de science politique Richard Price, à l'Université de Colombie-Britannique à Vancouver, et auteur d'un ouvrage sur les armes chimiques.

Ancien porte-parole et stratège du parti républicain, Sean Spicer, 45 ans, occupe l'un des postes les plus exposés de Washington, faisant face aux journalistes plusieurs fois par semaine pour défendre la cohérence de l'action présidentielle. Mais il est régulièrement apparu mal préparé ou approximatif, créant parfois la confusion sur la position réelle de l'administration.

Lundi, il avait par exemple dit que Donald Trump serait prêt à agir militairement si le régime syrien larguait plus de barils explosifs, semblant créer une nouvelle «ligne rouge». La Maison Blanche avait ensuite corrigé ses propos. Plus retentissant, il avait laissé entendre en mars, sur la foi de commentaires diffusés sur la chaîne Fox News, que le service de renseignement britannique GCHQ avait placé sur écoute le candidat Trump sur ordre de Barack Obama. L'affirmation, démentie, avait provoqué un incident diplomatique avec Londres.

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