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Afghanistan, la poudrière

Seules, les autorités afghanes seraient d’ailleurs bien incapables de s’imposer dans le pays, et l’aide militaire de l’Otan reste précieuse pour le gouvernement. [SHAH MARAI / AFP]

La déflagration a fait trembler toute la ville. L’explosion d’un camion piégé a fait au moins 90 morts et plus de 400 blessés, mercredi à Kaboul, capitale de l’Afghanistan, dans un quartier où se trouvent notamment les ambassades française, allemande ou encore indienne.

Une attaque particulièrement violente, mais qui n’est pas un cas isolé dans le pays, où 2.100 civils ont été tués depuis le début de l’année. Un terrible bilan, qui illustre l’instabilité qui règne dans le pays.

Une bataille idéologique

Cette fragilité est le résultat de plusieurs facteurs, à commencer par la situation politique. Après les attentats du 11 septembre 2001, attribués à Oussama Ben Laden, les Américains ont renversé le pouvoir afghan, alors détenu par les talibans, pour nommer Hamid Karzaï, un Afghan naturalisé américain. Mais quinze ans et trois présidentielles plus tard, ce gouvernement peine encore à asseoir sa légitimité, et ne contrôle que 60% du territoire. Une situation qui a engendré une crise politique, accentuée par l’élection de 2014, censée désigner le successeur de Karzaï. Faute de se mettre d’accord sur un vainqueur, les deux finalistes, Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, ont alors dû créer une coalition.

Seules, les autorités afghanes seraient d’ailleurs bien incapables de s’imposer dans le pays, et l’aide militaire de l’Otan reste précieuse pour le gouvernement. Mais les talibans, qui n’ont pas abandonné l’idée de libérer l’Afghanistan de l’occupation internationale pour reprendre le pouvoir, enchaînent les actes de violence. A cette situation déjà complexe est venu s’ajouter un nouvel élément : en janvier 2015, Daesh, qui se contentait jusqu’alors d’opérer en Syrie et en Irak, a fait son entrée en Afghanistan. Si le groupe terroriste et les talibans ont un intérêt commun; à savoir chasser le pouvoir instauré par l’Occident, leurs divergences, notamment religieuses, n’ont pas tardé à aboutir à une déclaration de guerre entre eux.

Les troupes étrangères toujours là

Décidé à importer son modèle politique et à contenir les terroristes, l’Occident, avec les Etats-Unis en tête, se montre réticent à l’idée de retirer définitivement ses soldats du pays. Au mois de juillet 2016, Barack Obama avait ainsi annoncé que le départ prévu des troupes américaines serait finalement ralenti, en raison du regain de violences dans la région.

A ce jour, 12.000 soldats de l’Otan sont encore sur place, dont 8.400 américains. Leur principale mission est de former et conseiller l’armée afghane, afin qu’elle puisse aider le gouvernement à s’imposer malgré les menaces terroristes. Mais l’attentat d’hier pourrait bien retarder encore le départ des troupes étrangères. Après le drame, le président Donald Trump a indiqué qu’il réfléchissait à envoyer des milliers de militaires supplémentaires.

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