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Le frère de Rohani arrêté pour délits «financiers»

Hossein Fereydoun, le frère et conseiller spécial du président iranien Hassan Rohani, le 3 avril 2015 à Téhéran [Atta KENARE / AFP/Archives] Hossein Fereydoun, le frère et conseiller spécial du président iranien Hassan Rohani, le 3 avril 2015 à Téhéran [Atta KENARE / AFP/Archives]

Le pouvoir judiciaire a annoncé dimanche l'arrestation pour délits financiers du frère et conseiller spécial du président iranien modéré Hassan Rohani dont les relations avec les conservateurs qui dominent cette autorité se sont envenimées ces derniers mois.

Hossein Fereydoun ainsi que «des personnes qui lui sont liées ont été interrogés à plusieurs reprises. Une caution a été fixée mais comme il n'a pas pu la payer, il a été transféré à la prison», a déclaré le porte-parole de la Justice Gholamhossein Mohseni-Ejeie.

Les charges pesant contre le frère du président portent sur des délits «financiers», a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.

«S'il verse la caution, il sera libéré. Mais l'affaire poursuivra son cours», a ajouté M. Mohseni-Ejeie en soulignant que «d'autres personnes ont également été arrêtées». L'arrestation du frère d'un président en fonction est un fait sans précédent en Iran.

Affaires de corruption

Le nom du frère du président a été cité depuis plus d'un an dans plusieurs affaires de corruption et les conservateurs avaient réclamé son arrestation.

Il y a un an, le chef de l'Inspection générale, Nasser Seraj, avait affirmé que M. Fereydoun avait «fait pression» pour nommer à la tête de la banque Refah un de ses proches, Ali Sedghi, qui a été accusé de nombreuses «infractions financières». Il a été ensuite écarté de la direction de la banque.

Le nom du frère de M. Rohani a été également cité dans un autre dossier impliquant Ali Rastegar Sorkheie, le patron de la banque Melat, qui a été arrêté pour son implication dans une «grande affaire de corruption bancaire», selon l'agence Tasnim liée aux conservateurs.

M. Fereydoun ne porte pas le même nom que son frère car au moment de la révolution islamique de 1979, l'actuel président, qui faisait partie des cadres dirigeants de la révolution, avait décidé de changer son nom, considéré comme peu islamique, pour se faire appeler Rohani qui signifie «clerc» en persan.

Ces derniers mois, le président Rohani et les responsables du pouvoir judiciaire contrôlé par les conservateurs, n'ont cessé d'échanger des attaques virulentes.

Lors de la campagne pour la présidentielle du 19 mai, largement remportée par le président Rohani, ce dernier a multiplié les déclarations en faveur de plus de libertés sociales, politiques et culturelles, auxquelles s'opposent en partie les conservateurs.

Lors des rassemblements électoraux, il avait notamment affirmé que s'il obtenait plus de voix qu'en 2013, lors de sa première élection, il aurait plus de force pour obtenir la fin de la résidence surveillée des leaders réformateurs Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, sans toutefois prononcer leurs noms.

Empoignades

Les deux hommes, qui avaient contesté la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, avaient pris la tête du mouvement de contestation et des manifestations qui avaient été réprimés par le pouvoir. Ils sont en résidence surveillée depuis février 2011.

Fin mai, l'ayatollah Sadegh Larijani, le chef de l'autorité judiciaire, avait critiqué, sans le nommer, le président Rohani pour cette prise de position en faveur des deux leaders.

Il avait souligné que la décision de les mettre en résidence surveillée avait été prise par «le Conseil suprême de la sécurité nationale» et ne pouvait être annulée que par cette même instance.

Ce Conseil, dirigé par le président de la République, réunit les hauts dirigeants politiques et militaires du pays. Ses décisions doivent être approuvées par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

Début juillet, lors d'une conférence de l'autorité judiciaire en présence de M. Larijani, M. Rohani n'avait pas hésité à critiquer l'institution, en défendant le principe de la «présomption d'innocence».

«On ne peut pas convoquer les gens et ensuite chercher des preuves contre eux», a lancé M. Rohani.

Les partisans de M. Rohani accusent l'autorité judiciaire et les conservateurs qui contrôlent de nombreux organes du pouvoir de chercher à affaiblir le président. L'autorité judiciaire rejette de son côté les accusations selon lesquelles ses actions sont motivées politiquement.

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