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Donald Trump promet «le feu» à la Corée du Nord

Le président américain Donald Trump à Bedminster (New Jersey), le 8 août 2017 [NICHOLAS KAMM / AFP] Le président américain Donald Trump à Bedminster (New Jersey), le 8 août 2017 [NICHOLAS KAMM / AFP]

Le président américain Donald Trump a promis mardi «le feu» à la Corée du Nord si elle continuait de menacer les Etats-Unis sur fond de développement de son arsenal nucléaire.

«La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les Etats-Unis», a déclaré M. Trump depuis son golf de Bedminster (New Jersey) où il passe des vacances.

«Elles se heurteront au feu et à la colère», a-t-il ajouté, promettant une réaction d'une ampleur «que le monde n'a jamais vue jusqu'ici».

Le régime de Pyongyang a assuré lundi que le durcissement sensible des sanctions des Nations unies ne l'empêcherait pas de développer son arsenal nucléaire, menaçant les Etats-Unis de leur «faire payer le prix de leur crime (...) un millier de fois».

Sous l'impulsion de Washington, le Conseil de sécurité de l'ONU a imposé à la Corée du Nord des sanctions qui pourraient lui coûter un milliard de dollars de revenus annuels tout en restreignant des échanges économiques cruciaux avec la Chine, son principal allié et partenaire économique.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a exclu un retour rapide au dialogue avec le Nord, estimant que la nouvelle volée de sanctions démontrait que la planète avait perdu patience face à ses ambitions nucléaires. Le secrétaire d'Etat est cependant resté plus mesuré dans ses déclarations, insistant sur le fait que sur le fait qu'il n'existait à ses yeux «aucune menace imminente» et que rien n'indiquait que la situation ait évolué «de façon dramatique» au cours des 24 dernières heures.

La Chine, le seul véritable allié du régime nord-coréen, a appelé à éviter «les paroles et actions» susceptibles d'accroître la tension dans la péninsule. «La partie chinoise appelle toutes les parties à continuer sur la voie d'une résolution pacifique de la question nucléaire dans la péninsule coréenne, et à éviter les paroles et actions susceptibles d'intensifier les contradictions et d'aggraver la situation», a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration à l'AFP. «La situation actuelle dans la péninsule coréenne est compliquée et délicate», a rappelé le ministère, en réponse à une question sur les propos du président américain devant des journalistes.

Appel à la retenue

Les réactions internationales à ce soudain changement de ton de la part du locataire de la Maison Blanche étaient contrastées : si Paris a jugé qu'il avait fait preuve de détermination, Berlin a appelé toutes les parties «à la retenue».

Pyongyang a été visé le weekend dernier par une nouvelle volée de sanctions de l'ONU qui pourraient lui coûter un milliard de dollars de revenus annuels tout en restreignant des échanges cruciaux avec la Chine, son principal partenaire économique.

«La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les Etats-Unis», avait lancé mardi le président américain dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe des vacances. Les menaces, si elles continuaient, «se heurteront au feu et à la colère», a-t-il ajouté.

Le Nord a surenchéri quelques heures après, annonçant envisager des tirs de missiles près des installations militaires des Etats-Unis sur l'île de Guam. Une fois finalisé, ce projet pourrait être mis en oeuvre «à tout moment», dès que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un l'aura décidé, a rapporté l'agence officielle KCNA, qui cite un communiqué de l'armée.

Des bombardiers lourds américains B-1B basés à Guam ont survolé mardi la péninsule coréenne, ce qui «prouve», selon KCNA, que les «impérialistes américains sont des maniaques de la guerre nucléaire».

Le contexte s'était encore alourdi avec des informations du Washington Post sur les progrès militaires nord-coréens.  Le pays reclus est désormais doté d'armes nucléaires susceptibles d'être embarquées sur des missiles balistiques, y compris des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), selon les conclusions d'un rapport confidentiel achevé en juillet par l'agence américaine de renseignement militaire, la DIA.

Les spécialistes divergent de longue date sur les véritables capacités du Nord, en particulier à miniaturiser une tête nucléaire de façon à pouvoir la monter sur un missile. La DIA avait émis voici quatre ans des conclusions similaires mais elles avaient été balayées par d'autres services de renseignement. Tous sont d'accord cependant que Pyongyang avance à grand pas depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un en décembre 2011.

En juillet, Pyongyang a procédé à deux tirs réussis d'ICBM. Le premier, qualifié par Kim Jong-Un de cadeau pour les «salauds d'Américains», mettait l'Alaska à la portée du Nord, le second était le signe que peut-être même New York et Washington étaient vulnérables.

«Ligne rouge absurde»

Les autorités américaines ont répété maintes fois cette année que l'option militaire était «sur la table», mais nombre d'analystes ont exprimé leur surprise face aux propos présidentiels. «Vouloir surenchérir avec la Corée du Nord en matière de menaces, c'est comme vouloir surenchérir avec le pape en matière de prières», a déclaré sur Twitter John Delury, professeur à l'université Yonsei de Séoul.

Le démocrate Eliot Engel, membre de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, a regretté la «ligne rouge absurde» tracée par M. Trump et que Kim Jong-Un allait inévitablement franchir. Le Washington Post a par ailleurs rapporté, citant un autre rapport du renseignement, que le Nord détenait jusqu'à 60 armes nucléaires, soit plus qu'envisagé auparavant.

Malgré tout, les spécialistes jugent que Pyongyang doit encore franchir certaines étapes technologiques. Après le second test d'ICBM, des experts ont estimé que l'ogive n'avait pas réussi le cap de la rentrée dans l'atmosphère depuis l'espace. 

Pour Siegfried Hecker, ex-directeur du laboratoire national de Los Alamos, cité par le Bulletin des scientifiques atomiques, Pyongyang n'a pas l'expérience pour tirer «une tête nucléaire suffisamment petite, légère et robuste pour pouvoir survivre à un acheminement par ICBM».

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