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L'opposant russe Oudaltsov appelle à boycotter la présidentielle

Sergueï Oudaltsov a été libéré mardi 8 aout après avoir purgé une peine de quatre ans et demi de prison[VASILY MAXIMOV / AFP]

L'opposant russe d'extrême gauche Sergueï Oudaltsov, libéré après quatre ans et demi en prison, a appelé jeudi à «boycotter» la présidentielle de mars 2018, critiquant aussi bien Vladimir Poutine que son adversaire Alexeï Navalny.

A sept mois de l'élection, celui qui était considéré comme l'un des chefs de file des manifestations anti-Kremlin de 2011-2012 a constaté que son passé judiciaire l'empêcherait de se présenter et a rejeté d'avance les résultats d'un scrutin «malhonnête». Mais à plus long terme, il a défendu l'émergence d'une troisième voie entre le pouvoir et «l'opposition pro-occidentale».

«Le pouvoir triche, en changeant la législation sur les élections. Les candidats indésirables sont écartés. C'est une élection malhonnête. (...) Mon opinion : il faut boycotter massivement l'élection», a-t-il martelé lors d'une conférence de presse.

Sergueï Oudaltsov a été libéré mardi après avoir purgé une peine de quatre ans et demi de prison pour avoir organisé des «troubles massifs» lors des manifestations du 6 mai 2012, à la veille de l'investiture de Vladimir Poutine pour un troisième mandat présidentiel. 

Sa formation, le Front de gauche, représentait le flanc gauche du mouvement. «Ces quatre ans et demi en détention n'ont pas changé ma position à l'égard du pouvoir. J'en reste un critique ferme», a insisté M. Oudaltsov.

«La politique de réformes néolibérales mène la Russie dans l'impasse et empêche l'industrie nationale de se développer», a-t-il expliqué, apportant en revanche son soutien à l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014.

S'il s'est dit prêt à manifester, il a refusé de se joindre aux actions d'Alexeï Navalny, qui a fait descendre des dizaines de milliers de Russes dans la rue contre la corruption ces derniers mois et compte défier Vladimir Poutine lors de la présidentielle de mars prochain.

«Troisième force»

«Nous sommes prêts à descendre dans la rue contre la corruption mais pas à être utilisés comme de la chair à canon», a-t-il expliqué.

Il a estimé que la Russie avait besoin «d'une troisième force» capable de s'opposer non seulement au pouvoir, mais aussi à l'opposition pro-occidentale, et souhaité l'émergence d'«un nouveau visage, un jeune» pour l'incarner.

Dans cet optique, M. Oudaltsov a appelé l'opposition de gauche à s'unir et à une action commune à l'occasion du centenaire de la révolution russe de 1917, le 7 novembre.

«Aujourd'hui, l'objectif de l'opposition russe est d'effectuer ce tournant à gauche revendiqué partout dans le monde», a-t-il ajouté, citant Bernie Sanders aux Etats-Unis, Jean-Luc Mélenchon en France «ainsi que d'autres hommes politiques de gauche en Allemagne ou en Suède qui sont aussi en train de gagner de l'influence».

Au sujet de sa détention, il a jugé que le système pénitentiaire russe s'était «amélioré». «Ce ne sont plus les camps que l'on connaît d'après les récits de Soljenitsyne. Je n'y ai pas remarqué d'arbitraire et de violences flagrantes. Des défenseurs des droits de l'Homme y ont aujourd'hui accès", a-t-il estimé.

«Mais le système n'est pas efficace. Il n'y a aucune éducation. Les gens s'y dégradent. Ils jouent aux cartes ou regardent des vidéos pornos. Près de 40% des prisonniers sont toxicomanes. Ceux qui sortent de prison ne reçoivent aucune assistance", a dénoncé M. Oudaltsov.

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