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L'Egypte face au jihadisme

Jamais un attentat terroriste n’avait eu un si lourd bilan. [STRINGER / AFP]

La terrible attaque d’une mosquée, vendredi, dans le Sinaï, est le dernier drame d’une longue série, qui illustre les difficultés actuelles du Caire.

C’est l’un des pires attentats survenus dans le monde depuis le 11 septembre 2001. L’attaque d’une mosquée dans laquelle 305 personnes, dont 27 enfants, ont été tuées vendredi dans le Sinaï égyptien marque une nouvelle étape dans l’horreur pour le pays.

Jamais un attentat terroriste n’avait eu un si lourd bilan, et jamais un acte de ce type n’avait été commis dans un lieu de culte musulman en activité. Mais si ce drame marque un tournant, il s’inscrit néanmoins dans la continuité de la série d’attentats qui a frappé l’Egypte ces dernières années, sans que l’état d’urgence et la répression policière ne parviennent à inverser la tendance.

Un contexte déjà tendu

La région du Sinaï est une péninsule ­désertique, majoritairement peuplée de tribus bédouines, souvent en conflit avec l’Etat central. Un terreau d’insécurité sur lequel ont prospéré des groupes jihadistes, devenus de plus en plus agressifs ces dernières années, en particulier ­depuis la destitution par l’armée, en 2013, du président démocratiquement élu Mohamed Morsi, issu des Frères ­musulmans.

Les attaques se sont en outre multipliées depuis que les terroristes islamistes d’Ansar Beit al-Maqdis («Les partisans de Jérusalem») ont prêté allégeance à Daesh, pour devenir «la province du Sinaï», en 2014. Ce groupe a notamment revendiqué l’attaque d’un avion qui avait coûté la vie à 224 touristes russes à Charm al-Cheikh en 2015.

Outre les étrangers, ces jihadistes ciblent régulièrement les forces de l’ordre et les coptes, la ­minorité chrétienne d’Egypte. Récemment, les attaques se sont élargies hors du Sinaï, pour atteindre les environs du Caire et le sud du pays. La situation est d’autant plus difficile à contrôler que Daesh n’est pas la seule menace ­jihadiste à peser sur l’Egypte. Le mois dernier, un attentat contre l’armée ­perpétré par un groupe basé en Libye et proche d’al-Qaida a ainsi fait seize morts dans l’ouest du pays.

L’Etat promet d’agir

Après le carnage de vendredi, le président Abdel-Fattah al-Sissi a promis une répression «brutale». Depuis, l’armée a annoncé avoir détruit des véhicules et ciblé plusieurs foyers jihadistes. Certains membres de la tribu bédouine Sawarka, visée par l’attentat et soutien du régime, ont manifesté leur volonté d’entrer en guerre contre Daesh. Une requête à laquelle le gouvernement n’a pas ­répondu.

Mais, en dehors des représailles liées à cette attaque, la question de la prévention du terrorisme demeure. L’état d’urgence est en vigueur en Egypte depuis le mois d’avril, quand un attentat avait fait 45 morts dans une église copte. La lutte contre le terrorisme est l’un des principaux axes de la politique du président al-Sissi et des milliers d’arrestations ont été effectuées depuis son arrivée au pouvoir. Sans jamais parvenir à mettre fin aux tueries. 

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