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Arabie saoudite : le roi Salman destitue la direction de l'armée

Le roi Salmane d'Arabie (d) et le prince héritier du trône d'Arabie saoudite et minsitre de la Défense, Mohammed ben Salmane, le 13 décembre 2017 à Ryad [BANDAR AL-JALOUD / Saudi Royal Palace/AFP/Archives] Le roi Salmane d'Arabie (d) et le prince héritier du trône d'Arabie saoudite et minsitre de la Défense, Mohammed ben Salmane, le 13 décembre 2017 à Ryad [BANDAR AL-JALOUD / Saudi Royal Palace/AFP/Archives]

Le roi Salmane d'Arabie saoudite a opéré un remaniement majeur, aux allures de limogeage, à la tête de l'armée en remplaçant les principaux commandants militaires, y compris le chef d'état-major, ont annoncé lundi les médias d'état.

Le monarque a remplacé les chefs de l'armée de l'air et de l'armée de terre, ainsi que des fonctionnaires civils, dont plusieurs sous-ministres, par une série de décrets royaux pris tard dans la nuit. «Fin des services du général Abdel Rahmane ben Saleh al-Bunyan, chef d'état-major», a rapporté sèchement l'agence de presse officielle SPA, ajoutant qu'il a été remplacé par Fayyad al-Ruwaili.

Aucune explication officielle n'a été donnée à ces changements à la tête de l'armée, qui surviennent alors que le royaume intervient militairement au Yémen depuis près de trois ans en soutien aux forces gouvernementales contre les rebelles Houthis. «Une transformation militaire est en cours en Arabie Saoudite», constate auprès de l'AFP Theodore Karasik, analyste chez Gulf States Analytics.

Le général Al-Bunyan a été démis de ses fonctions après avoir inauguré à Ryad le salon militaire SAMI, organisé par les Industries militaires saoudiennes (SAMI), la compagnie de défense nationale, qui a attiré plusieurs entreprises de défense mondiales.

«Ces changements surviennent dans la foulée du salon SAMI, qui est un élément essentiel du plan de réforme du Prince Mohammed ben Salmane visant à créer un programme de défense national», a-t-il ajouté.

Une femme ministre

Le remaniement survient également au lendemain de l'annonce à Sanaa d'une «bavure» de la coalition emmenée par l'Arabie saoudite, dont l'aviation aurait bombardé par erreur une base militaire de l'armée yéménite, son alliée, faisant entre six et 20 morts et 15 blessés, selon des sources militaires progouvernementales.

Le roi Salmane a également décrété une série de nominations de civils qui voit de plus jeunes fonctionnaires promus à des postes clés comme ministres adjoints, gouverneurs adjoints de provinces et conseillers à la Cour royale. Mme Tamadar ben Yousef al-Ramah a été nommée ministre adjointe du Travail et du Développement social, un poste gouvernemental de haut niveau sans précédent pour une femme dans le royaume conservateur.

Le Prince Turki ben Talal, frère du prince milliardaire Al-Waleed ben Talal, a été nommé vice-gouverneur de la province d'Assir. Le prince Al-Waleed, surnommé «le Warren Buffett d'Arabie Saoudite», faisait partie des princes, ministres et magnats détenus dans le luxueux hôtel Ritz-Carlton de Ryad dans le cadre d'une répression sans précédent contre ce que le gouvernement appelle la corruption des élites.

Sur les 381 suspects interrogés dans le cadre de cette campagne anticorruption lancée le 4 novembre, 56 sont toujours en détention. Et selon les accords conclus avec certains suspects, les autorités ont annoncé pouvoir récupérer plus de 400 milliards de riyals (107 milliards de dollars), remboursés sous forme d'avoirs immobiliers, commerciaux, en titres et en espèces.

Le prince héritier Mohammed ben Salmane, 32 ans, fils du roi saoudien, qui dirige le ministère de la Défense, consolide son emprise sur le pouvoir depuis quelques mois, tout en faisant avancer d'importantes réformes économiques et sociales.

Le jeune prince poursuit une politique régionale affirmée, y compris la conduite depuis 2015 de l'intervention militaire au Yémen voisin, considérée comme une guerre par procuration avec l'Iran, l'ennemi juré.

Le conflit au Yémen est qualifié par les Nations-Unies de «pire crise humanitaire au monde». Plus de 9.200 personnes ont été tuées, près de 53.000 ont été blessées, et près de 2.200 autres sont mortes du choléra, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'Iran a affirmé lundi que le confit au Yémen était le résultat des ventes d'armes britanniques et américaines à l'Arabie saoudite, rejetant les accusations selon lesquelles Téhéran envoyait des armes aux rebelles Houthis.

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